Poison Girl
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The Neon Demon appartient à ce type de film qui, pendant un instant, parviennent à nous déconnecter totalement de la réalité. Ici, pas d'intrigue, pas de dénouement, mais de l'image, des sons, des lumières. Après Drive et Only God Forgives, Nicolas Winding Refn ne confirme pas seulement son statut de réalisateur stylistique, il s'impose en maître. Son film est la preuve de sa radicalisation et sa maitrise totale de son propre style, et surtout la confirmation qu'il n'a décidément peur de rien ni de personne.
Dans The Neon Demon, il n'y a rien a comprendre, juste à ressentir. Les images et la musique sont ici les seuls vecteurs d'émotion. On a la un film avant tout graphique et sensoriel dont le style affirmé et radical jusqu'à l'extrême risque d'en rebuter plus d'un. Mais NWR, dont l'ego géant comme une planète ne cesse de grandir au fil de ses films, assume pleinement ce parti pris esthétique que certains qualifieraient de clipesque et vain, mais que moi, préférant m'affranchir de tout préjugé, qualifierais purement et simplement de fou.
Oui, il y a une folie dans The Neon Demon, même si le ton général du film est relativement froid, établissant une certaine distance entre les personnages et le spectateurs. Il est très rare de voir un film aussi clinquant, aussi tapageur, à la plastique aussi fastueuse, le tout enrobé dans la prétention typique de Winding Refn. Il faut dire que le bonhomme a une audace assez exceptionnelle pour imposer son imagerie aussi tape-à-l'œil et renversante au milieux de tous ces produits pseudo-esthétisants ultra standardisés qui ne font qu'imiter -voir singer- des produits préconçus.
On ne peut pas dire que The Neon Demon est un clip, ou à une esthétique de clip, car je n'ai jamais vu un seul clip dont le style visuel était autant radical et sophistiqué. NWR crée son propre univers, son propre environnement, sa propre logique. L'absence d'intrigue réelle nous enjoint à lâcher prise et se laisser transporter par les images et les sons. Si l'intention était de faire de ce film une expérience, elle est réussie. J'ai été cloué à mon siège à plusieurs reprises devant toutes ces lumières, ces couleurs, ces extravagances qui imprimaient ma rétine et me donnaient la sensation d'être sous hallucinogènes. Le film mêle habillement réalité et onirisme, l'atmosphère est étrange à souhait et rappelle un petit film assez obscur de Lynch dont le récit se déroule également à Los Angeles, cité des rêves mais surtout des cauchemars.
Puis vient la fin, le brusque réveil du spectateur hypnotisé. Une déception m'envahit parce que j'ai l'impression de n'avoir rien vu. Il y avait pourtant tant à dire sur cet univers diabolique de la mode, la jalousie, les rêves brisés, les faux semblants... Le film effleure ces sujets, l'aura de fascination que dégage le personnage de Jesse et qui fera sombrer ses concurrentes dans une folie meurtrière a beau être bien retranscrite, elle aurait pu avoir plus d'impact.
En effet, durant tout le film, l'entourage de Jesse semble être constitué de 3 filles et un jeune homme vite relégué aux oubliettes du récit. Ce n'est pas assez pour rendre compte de la portée presque angélique de cette jeune fille. Quand à son évolution, elle est trop précipitée, on la voit quelques instants devenir une beauté sans âme, sans sentiments, superficielle a l'extrême, ce qui sert très bien le propos du film, mais malheureusement cette évolution est trop esquissée pour que l'on puisse croire à la transformation en démon que l'on nous avait vendu.
La critique de ce milieu aurait pu être aussi plus incisive et plus présente. Il y a beaucoup à dire sur cette industrie sale et anti-artistique qui conduit l'être humain à devenir un animal assoiffé d'argent et privé de toute morale. Des films l'ont réussi avec brio, citons par exemple Mulholland Drive, ou plus récemment le brillant Maps to the Stars.
En fait, The Neon Demon semble être au dessus de tout ça, il n'a finalement que faire de son propos, de sa signification. C'est un film qui ne ressemble à aucun autre a part un film de Winding Refn. Un film submergé par l'ego surdimensionné de son auteur, un ego qui lui permet de mettre sa vision en images tout en se foutant des réactions du monde qui l'entoure. Si il a fait son film ainsi, c'est qu'il n'y a pas d'autres façon de le faire, c'est tout. Il a mis son style au premier plan et à épuré tout le reste a l'extrême, ainsi est The Neon Demon. Une expérience, un trip sensoriel, tout simplement. Et en le prenant comme ça, je n'ai pas été déçu.
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le 20 août 2016
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