En cette année 2016, il est intéressant de voir qu’à quelques semaines d’intervalles, deux films sur la mode sortent : l’Idéal et The Neon Demon, de registres et styles bien différents. Le second film que j’aie vu suscitent comme la plupart des œuvres de Refn des questions mais aussi son lot d’adjectifs pouvant caractériser un tel objet. Frustrant, intense, pervers, épuré et surtout silencieux. Ce silence si présent dans Drive que l’on retrouve ici est bien l’élément qui pousse notre attention sur les visages, les corps comme si nous assistions à un défilé de Chanel. Nous sommes fascinés par cette beauté stylisée artificiellement vendue dans tous les magazines, les publicités, … Mais après tout le cinéma est bien affaire d’artificialité.
Dès le générique sublime, on est scotché par la nouvelle maitrise chromatique accompagné de la musique magnétique qui nous attire jusqu’à la vision du premier tableau.


Dès lors, le cadre est dangereusement symétrique, l’image est soignée et épurée à la manière d’une longue publicité pour parfum. La lumière exagérée dessine une vraie ambiance. Les lumières présentes sur la scène deviennent des projecteurs qui aveuglent notre œil.


Ces projecteurs sont ceux que rêvent de connaître Jesse notre jeune protagoniste orpheline qui a tout laissé tomber pour devenir une mannequin. Notre personnage silencieux crédule affronte un monde irréel.
La lutte y est impitoyable, suggérée, pire ensanglantée. Nous suivons l’envers de cette univers si stylisé qui cache derrière lui la jalousie et parfois la haine. Cette réussite à tout prix comme pour aller au plus loin, n’est rien à côté des limites dépassées par le film à plusieurs reprises tant elle est osée. Esthétiquement et éthiquement le film traverse la convention de la plupart des sorties actuelles. Doit-on en être forcément fasciné ?
Et bien oui car nous naviguons pendant deux heures dans cette abstraction vertigineuse soulevée par l’acting multiple qui aborde les clichés (Keanu Reeves) et le refoulé (Ruby joué par Jena Malone). D’une beauté indéniable, les scènes du film peuvent être provocatrices et choquantes, ce qui nous empêcheraient d’avoir une scène complète favorite. Ce film est un tout à apprécier dans sa beauté pleine.


C’est par des scènes éteintes et sublimes comme un tableau moderne à l’image de la beauté glaciale des mannequins, que le cinéaste et son équipe tendent à redonne un aspect hautement artistique à la Mode.
Conclu par un générique à couper le souffle, ce film bouleverse et étonne. Bref Refn nous fait réagir et surtout ressentir.

Irénée_B__Markovic
8

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le 16 juin 2016

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Ikarovic

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