C'est avec curiosité et sans grand espoir que je me lançais dans The Neon Demon n'étant pas convaincu par la qualité de storyteller du bonhomme à la direction.


Ici, il nous raconte une histoire d'ascension classique à travers une figure virginale qui sert de vecteur pour décrire le milieu dans lequelle elle est plongée. Son rôle d'éponge servant à faire ressentir d'autant plus fortement les violences et vicissitudes du biotope environnant. A première vue on pourrait y apercevoir une critique standard si l'on ne sentait pas une certaine révérence pour ce milieu, comme s'il y avait une reconnaissance tacite entre concepteurs d'images, en témoigne la scène du shooting qui aurait été un moment dramaturgique dans n'importe quel récit de la sorte mais n'est ici qu'une occasion supplémentaire de caresser la rétine jusqu'à l'oeilrgasme.
Dans cet univers factice à l'esthétique vulgaire-chic il semblerait que NWR ait enfin trouvé le sujet adéquat pour exprimer sa dialectique formelle.


Le plus étonnant vient peut-être de la narration. Rien de bien compliqué dans les dialogues où les situations, stéréotypées diront certains, mais la simplicité employée lui permet de tutoyer la justesse. De plus il s'authorise des jeux de regards, des non-dits voire des non-montrés ces derniers instaurant une part de thriller en arrière-plan histoire pour le spectateur de se demander à quelle sauce la belle va être mangée.


Après une heure de film j'avoue que je suis scotché, les yeux écarquillés, j'ai perdu le sens de l'orientation, dans un mouvement de panique je commande l'intégrale de Yannick Noah.
On tient enfin un vrai bon film de Refn, pas comme cette saloperie de Drive où t'es obligé de te justifier en disant que même si c'est creux c'est bien fait pour du divertissement. Non là on a un truc socialement acceptable.


Arrive alors la première alerte pendant une scène de caractérisation abrupte d'un personnage dans un délire psychédélique lourdingue, comme si NWR n'ayant pas su intégrer cette évolution en avait fait des tonnes dans la démonstration, à l'image d'un comique multipliant les grimaces parce que son texte n'est pas bon. S'ensuit une séquence de rassemblement, à l'instar des précédentes teintée d'une froideur kubrickienne, où un personnage sortira ce qui semble être le motto du film : "Beauty is not everything, it's the only thing". Ça y est ça devient con. Alors que les silences avaient apporté du sens, la parole lui en retire.
Bon je fronce les sourcils façon Clint Eastwood qui va pas tarder à dézinguer tout ce bouge mais passe encore, ça reste mineur à l'échelle du film. D'autant qu'elle est suivie d'un bon passage de thriller qui suggère par ses fameux non-montrés faisant travailler l'imaginaire de son spectateur. Refn, twelve points.


Je ne le sais pas encore, mais plus rien ne sera comme avant. La dernière partie est une descente aux enfers surtout pour le spectateur, exit la narration elliptive remplacée par un symbolisme neuneu se manifestant dans un enchainement de scènes kitsch sans réel sens jusqu'à provoquer l'éclat de rire devant le grotesque de la réflexion développée dans la dernière scène. Le film devient le sujet du film.
Bordel Nico fais comme Lynch qui a au moins la décence de rendre ses films incompréhensibles pour qu'on puisse lui trouver du génie, là tu passes pour Nabilla avec une caméra.


Bref je me suis laissé hypnotiser par ce stroboscopisme multicolore et j'en ressors déçu alors que je n'en attendais rien. Cela dit une petite voix intérieure me chuchote que The Neon Demon fait partie de ses films moyens que l'on reverra encore une fois pour vérifier l'impression initiale. Et puis peut-être une autre afin d'être sûr.

Djéba
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le 6 nov. 2016

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