La pension du miracle
"Les occupants d’un monastère découvrent les limites de leur foi, tandis qu’un jeune aborigène australien, le « new boy », embrasse la bénédiction d’une divinité qui n’est pas dans sa culture. Le...
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le 31 mai 2023
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Le cinéaste australien raconte l'histoire émouvante de l'intégration d'un jeune aborigène dans une communauté religieuse, mais ne parvient pas à décrire de manière convaincante son accession à la foi.
Le film se déroule dans l'Australie des années 1940. Un orphelin aborigène de neuf ans arrive en pleine nuit dans un couvent isolé dirigé par une religieuse renégate. La présence du nouveau garçon va bouleverser le monde délicatement équilibré de cette histoire de lutte spirituelle et du prix de la survie.
Le film s'ouvre sur une carte expliquant le contexte. Les Australiens, avec la complicité de l'Eglise, tentent d'empêcher les Aborigènes de perdurer. On s'attend donc à un film à thèse. Mais le film nous emmène dans une autre direction. La séquence qui suit est tout à fait étonnante. Le jeune Aborigène tente d'étrangler le policier qui l'emmène de force.
En fait, ‘The New Boy’ suivra le quotidien d'un orphelinat isolé tenu par deux religieuses. Un monde fermé au monde extérieur et aux troubles de l'époque (la Seconde Guerre mondiale). Une routine qui est bouleversée par l'arrivée d'un enfant sauvage. Il ne se passe pas grand-chose dans ce film. Peu d'action, juste la vie de l'orphelinat qui s'écoule. Comme dans "L'enfant sauvage" de François Truffaut, la finalité est de civiliser le jeune Aborigène. Une civilisation qui exige la foi et signifie la perte de sa culture aborigène.
La foi et la croyance sont deux concepts très abstraits, d'où la difficulté de les représenter à l'écran. Surtout l'acquisition de la foi. Le problème est que Warwick Thornton ne sait pas comment le montrer. Il abuse et surutilise les ralentis, les plans lumineux, et recourt à un symbolisme un peu lourd. Le point culminant est atteint lorsque le garçon reproduit les plaies du Christ sur ses mains.
Ce que le film saisit mieux, c'est la foi en elle-même. ‘The New Boy’ est un beau portrait de croyants qui essaient de vivre leur foi malgré leurs fautes. La foi des personnages est remise en question. S'agit-il d'ailleurs de foi ? De bigoterie ? Ou de mysticisme ?
Une fois de plus, j'ai été époustouflée par la performance de Cate Blanchett. L'actrice australienne a du génie, car elle n'est jamais meilleure que quand elle joue avec l'ambiguïté (comme dans le récent 'Tàr'). Ici, on ne sait jamais ce qu'elle pense. Quand on la voit rire du garçon, on ne sait pas si c'est de la sympathie ou de la moquerie. Quant à sa foi, on la sent tourmentée, prise entre sa relation à Dieu et les péchés qu'elle a commis. Des péchés qui ne sont jamais clairement expliqués, ce qui rend son personnage assez obscur.
Je n'avais jamais vu un film de ce réalisateur. 'The New Boy' est son neuvième film et, malgré les maladresses déjà signalées, il fait preuve d'un indéniable souci de l'image. La photographie très lumineuse est excellente. Surtout, Thornton a le sens de l'espace. Il capte magnifiquement les paysages australiens, avec ses champs et ses déserts. Le film est imparfait, mais il a suscité mon intérêt et ma curiosité pour les films ultérieurs du cinéaste.
Créée
le 23 juin 2024
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