Aujourd’hui, il est connu pour avoir réalisé Kiss Kiss Bang Bang et (surtout, pour l’inconscient collectif) Iron Man 3. Mais la carrière cinématographique de Shane Black ne s’arrête pas là. Mieux, elle s’annonce même bien plus lucrative que la génération actuelle semble le croire. Il suffit de remonter le temps pour se rendre compte que le bonhomme, scénariste de base, est l’auteur de grands films policiers/d’action des années 80-90, tels que Le dernier samaritain, Last Action Hero et, bien évidemment, L’Arme Fatale. Pour ceux qui ne connaissaient pas Black, vous le voyez autrement maintenant ? Eh bien, avec son nouveau film, The Nice Guys, il va vous apparaître comme un très bon réalisateur de divertissement (ce qu’il avait déjà démontré avec ses précédentes réalisations).
Pour cela, Black est revenu à son amour de toujours, à savoir le genre du buddy movie. Ou alors celui du film d’action dans lequel deux personnages que tout séparent (caractère, mentalité, mode de vie, ambitions…) vont pourtant devoir faire équipe pour mener leur mission à bien. Si le bonhomme avait par le passé su montrer ses talents d’écriture pour ce style d’exercice, il enfonce le clou avec The Nice Guys. Certes, si beaucoup garderont en mémoires les tribulations du duo Martin Riggs/Roger Murtaugh de L’Arme Fatale, celui interprété par le tandem Russell Crowe/Ryan Gosling risque fort de rester également dans les annales ! Car hormis une intrigue policière banale qui s’essouffle assez vite niveau suspense (l’identité du « big boss » se devine rapidement), l’intérêt du film n’est pas là. Et Shane Black l’a très bien compris !
La puissance d’un buddy movie ne réside pas dans son intrigue (bien que celle-ci, simpliste, se révèle être tout de même assez prenante) mais bien dans ses têtes d’affiche. Et en ayant choisi l’improbable duo composé par Russell Crowe et Ryan Gosling, Shane Black réussit à donner naissance à de nouveaux personnages emblématiques de la comédie policière. Avec des comédiens qui s’éclatent un max, donnant vie à un scénario absurde et hilarant, récitant avec un naturel bluffant des répliques écrites aux petits oignons (dont est si friand le réalisateur) et partageant ses moments avec des acteurs secondaires tout aussi bons (mention spéciale à la jeune Angourie Rice), autant dire que vous ne vous ennuierez pas une seule seconde ! Étant donné que l’ensemble, que ce soit du point de vue humoristique ou bien du divertissement, se montre d’une efficacité redoutable à l’instar des grands titres de l’époque (encore une fois, L’Arme Fatale).
Et comme si cela ne suffisait pas, Shane Black s’est également délecté à nous livrer une ambiance 70’s des plus légères ! S’ajoutant à sa mise en scène pointilleuse (bien qu’impersonnelle, il faut quand même l’avouer), l’écriture de l’ensemble et ses personnages quelques peu farfelus, il faut également compter sur des décors et costumes donnant le ton ainsi que sur une bande originale très punchy (comprenant Boogie Wonderland d’Earth, Wind and Fire, September du même groupe ou encore Papa Was A Rolling Stone de The Temptations). Un cadre qui se prête à merveille à ce petit et délicieux délire signé Shane Black, qui se permet également de faire un pied de nez aux récentes productions hollywoodiennes question censure. Avec The Nice Guys, vous effectuerez un bond en arrière, revenant aux longs-métrages sans prise de tête qui n’avaient pas peur de montrer du sang, de parler de drogue et encore moins de montrer des seins à l’écran avec autant de générosité sans jamais tomber dans le vulgaire. Un détail pouvant paraître anodin mais qui montre à quel point le réalisateur regrette l’époque de ces films qui savaient allier efficacité et simplicité avec bon nombre de qualités à la clé.
Troisième long-métrage de Shane Black, et encore un bon film. Que dis-je ? Un divertissement de haute volée ! Alors oui, si vous recherchez de l’originalité ou bien quelque chose de profond (quoique les personnages sont tout de même assez travaillés), vous vous êtes trompés de film. Car ici, il n’est question que de divertissement. Mais le genre qui assume pleinement ce qu’il est, se montrant pour le coup hautement jouissif au point d’en réclamer une suite. Et depuis quelques temps, vouloir une séquelle à ce point relève du miracle ! Quand on pense qu’après cela, Shane Black s’attaque à un nouvel opus de la franchise Predator (il était d’ailleurs acteur dans le premier film) tout en connaissant ses talents de scénariste et de metteur en scène, j’ai juste hâte de voir ça ! Vivement vivement !!