Après la Nouvelle-Angleterre, le Phare et maintenant l'Islande, Eggers garde le cap.


Réalisé avec un colossal budget de 70millions (excusez du peu), il évite pourtant ce gigantisme hollywoodien et le simple péplum nordique. Le film va se réduire et se concentrer à son essence, celle qui fait son aura la même qui fit The Witch, pourtant ici à la croisée entre un prince shakespearien et une divinité nordique.

Loin de la vision américaine pompeuse pour l'imaginaire européen, The Northman est au contrepied du film gigantesque, en choisissant de déplacer son action dans un huis-clos, loin des promesses de couronnes et de grandes batailles servies au début du film.

Ce qui ne lui empêche pas une miriade de rôles excellents et une richesse aussi sonore que visuelle, étouffante par moment (dû au format) et à la lumière très maîtrisé, comme ces nuits à l'américaine. Une lumière lunaire qui emplit son monde d'une toile vaporeuse, plaçant l'histoire entre le rêve prophétique et la brutalité bestiale d'Amleth, figeant ces temps suspendus par les Nornes dans un au-delà insaisissable.

The Northman porte cette atmosphère lourde et brumeuse, oscillant dans cette frontière du flou entre le fantastique et le réel. Donnant au final un film empreint de mythologie, jusque dans sa chair et sa terre, et à ce grain particulier qu'ont ces paysages volcaniques. Lorsque Eggers filme l'Islande c'est pour l'inonder de cette mystique impalpable et immanente naturellement présente dans ces décors. Véritable alchimiste de l'image, Eggers métamorphose le mythe et le lieu, et en forge une oeuvre à la fois profonde et intemporelle.


Mélange de cette même noirceur de The Lighthouse et du même envoûtement de The Witch. L'éclat du film repose sur cette négation à faire dans le spectaculaire historique, proposant à la place une véritable oeuvre de "folk-horror" abyssale comme ses précédents mais néanmoins épique.

Au final The Northman est aussi tranchant que pesant esthétiquement, mais il réussit encore une fois à s'imposer comme le prodige du mythe, réinventant constamment son fond et y insufflant la même puissance eggerienne. Le cri de la Valkyrie.


Assez publique pour enivrer, assez chamanique pour envoûter. Eggers trouve le ton juste du film d'auteur à grands moyens, il n'en perd pas pour autant son style ni son écriture.

Elucidaire
7
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le 13 mai 2022

Critique lue 150 fois

4 j'aime

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