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Toujours intéressés par les mythes païens, le réalisateur Robert Eggers est de retour avec un film de viking ambitieux à l’esthétique somptueuse qui nous embarque quelque part entre la chronique historique, le drame shakespearien et le conte mythologique.
Prononcez « Robert Eggers » et vous ferez vibrer de nombreux amateurs de cinéma de genre. Avec seulement trois long-métrages, ce réalisateur s’est imposé comme un formidable conteur de récits fantastiques imprégnés par l’imagerie impressionniste anglo-saxonne. En 2016, il revisitait avec maestria le mythe de la sorcière avec The Witch et son ambiance très American Gothic. Trois ans plus tard, il enfermait Willem Dafoe et Robert Pattinson en pleine crise hallucinatoire au large de la Nouvelle-Angleterre du 19ème siècle dans The Lighthouse. Avec The Northman, son intention est de réaliser le film de Viking ultime. Rien de moins.
Amleth (Alexander Skarsård) est un jeune prince déchu qui n’est mû que par la volonté de vengeance contre son oncle (Claes Bang). Ce dernier a assassiné son père (Ethan Hawke) pour s’emparer de son royaume et de sa femme (Nicole Kidman). Dans cette histoire aux relents shakespeariens, Eggers combine violence bestiale, expériences psychédéliques et mythologie nordique afin de déployer un univers riche et tangible, fourmillant de détails minutieusement mis en scène. Il faut souligner le soin incroyable qui caractérise la composition des plans. Ces derniers sont souvent de longs mouvements de caméra qui permettent de rendre honneur à des décors construits avec un grand souci d’authenticité. Cette obsession pour l’historicité des éléments qui composent l’image se retrouve également dans la musique qui s’inspire ou reprend parfois littéralement des mélodies scandinaves ancestrales. L’imagerie qui découle du film nous immerge parfaitement en ces temps si rugueux qu’on espérait trouver le Valhalla et le salut derrière la montagne d’en face.
L’histoire se déroule selon un schéma classique, voire basique, mais elle dispense quand même de belles surprises parmi un menu assez programmatique. Les fondements moraux sur lesquels reposent les terribles desseins d’Amleth vont être bouleversés afin de transformer le héros en figure sacrée et moins justicière. Le scénario est surtout un véritable terrain de jeu pour les oppositions, la principale étant celle entre l’esprit humain et son animalité. On retrouve ici la griffe du coscénariste Sjòn, auteur et poète islandais qui avait déjà traité dans Lamb cette dualité très païenne, qu’Eggers fusionne dans des visions psychédéliques hallucinées. Rites initiatiques, arbres généalogiques organiques, transes guerrières, rencontres chamaniques avec Björk ou encore valkyries orgasmiques amènent Amleth à se positionner quelque part entre l’amour envers son prochain et la haine de ses ennemis avec un nihilisme assez jubilatoire.
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Créée
le 11 mai 2022
Modifiée
le 11 mai 2022
Critique lue 30 fois
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