Con, nan, le barbare ?

Je n'ai vu que The Witch de Eggers et j'avais plutôt apprécié le traitement du personnage de Taylor Joy et son traitement de la mythologie de la sorcière.

Eggers a abandonné toute volonté de nous construire un personnage féminin (ou personnage tout court) intéressant, préférant se concentrer sur son débile d'Amleth et sa vengeance toute

aussi débile.

En terme de réal le film commence pourtant bien, Eggers sait toujours bien filmer les rites que ce soit celui avec Amleth enfant et son père ou lorsqu'il est déjà berseker. N'empêche, ça fait quand même un peu théâtre toute cette exposition et ses blancs à chaque fois qu'un acteur a fini de parler. Je pense quand même qu'on peut faire "mythe" sans avoir de gros blocs de pierre nordique en guise de personnages.

Cette lourdeur ne va faire que s'accroitre. Arrivé sur l'île où la vengeance va s'opérer après seulement 40 minutes de film, on a droit à d'inintéressantes péripéties et sans vraiment de lien entre elle. Alors on comprend bien que notre viking ne fait pas ce qu'il veut et qu'il y a un protocole à respecter pour toute bonne vengeance validée par les dieux, mais faites au moins l'effort de ne pas rendre ca ennuyant et d'y mettre un minimum de cohérence.

Par exemple, ne pas faire une histoire d'amour sortie de nulle part. Et je veux bien croire que les moeurs étaient différentes au Xème siècle mais tomber amoureuse du type qui vient de raser ton village et jeter ton frère dans une maison en feu il va me falloir plus que ça pour me convaincre. Le film tente de construire un binome avec le guerrier et la sorcière mais désolé ca ne prend pas du tout. Je crois même que le film essaye d'instaurer une ambigueté sur

la qualité de sorcière de Taylor Joy. Elle utilise d'abord une "magie de la terre" qui consiste simplement à empoisonner avant qu'elle n'invoque des vents pour porter son navire et qui pour le coup relève manifestement de la sorcellerie. Sauf que cette scène et cette révélation n'a aucun impact, ne suscite rien du tout, c'est totalement froid.

Même les scènes de combat sont froides, le personnage est censé être un berserker, il déchiquète le cou de quelqu'un et pourtant on ne ressent rien. On ne voit

pas les coups à l'écran. Les efforts dans la mise en scène ne cessent de contraster avec l'absence de chaleur et d'émotion, à part pour ces quelques scènes de rite qui ont marchés sur moi. On note aussi le peu d'effort de cohérence avec le petit Amleth qui aurait du être aperçu un millier de fois lors de sa traversée de l'île. Ca fait un beau plan-séquence, mais ça me sort du film.

Le personnage de la mère est une simple traîtresse incestueuse et son explication des conditions de son exploitation par le père d'Amleth est totalement anecdotique. Eggers et ses scénaristes auraient gagné à faire des choix pour donner du corps à leurs personnages et leurs situations.