L'excellence à l'excès.

Alex Dall, jeune fille solitaire et dévorée par un besoin de réussir...

"Dévorée", c'est le mot.

Sachant que la réalisatrice Lauren Hadaway dont c'est le premier film a fait partie de l'équipe de supervision sonore sur Whiplash, on n'est pas étonné de retrouver un sujet de don et d'abandon de soi au travers d'une quête d'excellence. Mais contrairement à Andrew, le batteur passionné, nous avons ici affaire à une étudiante qui découvre le monde de l'aviron avec très vite, cette idée obsédante d'être la meilleure.

Même s'il fait souffrir les corps et le mental, The Novice se démarque très vite du film de Damien Chazelle car ici, l'élève torturé et le maître bourreau sont une seule et même personne. Isabelle Furhman interprète Alex Dall, jeune fille obnubilée par la perfection et la réussite, à n'importe quel prix. Une volonté presque nourrissante d'être première qui semble régir sa vie alors qu'elle se lance dans l'aviron comme elle démarrerait n'importe quelle autre activité.

Véritablement mis en scène comme un thriller, monté avec un sentiment étouffant d'urgence, le film de Lauren Hadaway traite de la compétitivité maladive, de l'excellence à tout prix, celle qui mène à l'isolement, au rejet des autres et de soi même, rendant acceptable toutes les souffrances pour un seul et unique but.

Isabelle Furhman est habitée, à cran, les yeux et l'esprit tournés sans cesse vers le prochain obstacle à franchir, se trouvant ses propres rivaux, ses propres motivations pour souffrir jusqu'à réussir, pour pousser son corps jusqu'à ce qu'il réagisse à ses propres limites.

Avec une ambiance sonore omniprésente qui nous plonge aussi bien dans les pensées de la jeune fille que dans une nature environnante qui s'en fait le reflet, que ce soit l'eau calme dérangée par les rames ou les coques des bateaux et le ciel qui se déchaine, The Novice nous tient en haleine jusqu'à nous rebuter, rendant presque cette quête qu'on glorifierait volontiers dérangeante, voir même absurde dans sa conclusion.

Un film glaçant, réussi, à la réalisation soignée qui décrit sans répit ni complaisance la violence et les impacts d'une recherche maladive de la performance.