Noir comme le souvenir

Un violeur d'enfant recherché par la police, un suspect interrogé par un flic au bout du rouleau, écrasé par les horreurs que sa carrière lui offre, voilà en gros la base de cette adaptation théâtrale qui vaut plus pour l'interprétation de Sean Connery que pour tous les effets de style un peu douteux qui viennent encrasser vos yeux et vos oreilles.

Une chose est certaine, la vision de l'humanité proposée ici est absolument sans espoir, ce qui n'est pas un problème en soi d'ailleurs, mais ce qui peut s'avérer risqué si la lourdeur du sujet est appuyée par un montage un peu artificiel et des effets trop grossiers.

Du coup, pour un des derniers Lumet importants que je devais voir, j'avoue ma déception. Si le sujet possède sa part d'originalité et peut se révéler parfois fascinant, j'avoue que le film reste à mes yeux plutôt raté et relativement mineur.

Restent quelques scènes vraiment étonnantes, comme le dialogue entre Sean et son épouse, l'interrogatoire du flic par Trevor Howard et une ambiance urbaine glauque des banlieues londoniennes 70's qui fait son petit effet.

A l'époque, le film n'avait même pas été distribué en France. Sean Connery, qui jouait sans cachet et participait au scénario pour un projet choisi et porté par lui de toutes ses forces, était alors un produit bien trop précieux en James Bond pour risquer d'écorner son image avec un film aussi noir.

Alors, bien sûr, lorsqu'il est enfin sorti en France en 2007, tout le monde a crié à la pépite maudite enfin redécouverte, et c'est vrai qu'il y a quelque chose au début qui donnait un bel espoir... Hélas, la suite n'est pas du même niveau et l'horrible bande-son par Harrison Birtwistle n'aide vraiment pas à pardonner à ce mélange un peu indigeste d'images mentales, de reconstitution désordonnée et de glauque un peu gratuit.

Si vous voulez voir un film réussi avec ce genre d'ambiance, vous feriez mieux de foncer voir La Loi du milieu, sorti un an avant avec Michael Caine, et qui est tout de même d'une bien meilleure facture.

Et moi pendant ce temps là, j'attendrai avec une confiance intacte la ressortie de La colline des hommes perdus parce que Sidney et Sean, je les aime quand même.