Il est regrettable de voir un film aussi terne et stéréotypé s’inspirer d’une série de comics si colorés et dynamiques : The Old Guard échoue non seulement à mettre en place un univers à la fois crédible et doté d’une identité véritable, mais également à construire des personnages attachants et pourvus d’une profondeur émotionnelle. Le film coche des cases – femmes fortes, femme afro-américaine forte, homosexuels forts – selon une esthétique de la liste de courses politiquement correcte. Surtout ne pas oublier le cosmopolitisme ! tous citoyens du monde, engagés dans la protection des opprimés et s’offusquant devant les massacres d’enfants dans les pays arabes. Le long métrage de Gina Prince-Bythewood, mis en scène avec la lourdeur et l’emphase des blockbusters actuels, semble prolonger l’interventionnisme humanitaire sur fond de glamour installé par The Last Face, avec en tête d’affiche la même Charlize Theron, qui concrétise au cinéma ses engagements politiques sans se soucier de la qualité intrinsèque de telles productions. Les chorégraphies des combats pourront intéresser certains, mais le film, lui, n’est qu’une longue chaîne de poncifs qui illustre sans incarner, saute d’un pays à l’autre sans penser le mouvement, investit l’immortalité – thématique qui anime aujourd’hui les débats américains – par le prisme du robotique le plus déshumanisant et grossier.