Pour son huitième film et le premier en langue anglaise, la réalisatrice polonaise Małgorzata Szumowska (Elles, Aime et fais ce que tu veux) met en scène le premier script de l'Australienne Catherine S. McMullen et part en Irlande tourner un coming of age où une communauté de femmes vivant recluses dans les bois s'amourachent d'une espèce de gourou qu'elles vénèrent comme un guide, un maître, un époux, un père. Un sujet brûlant qui, s'il s'avère plutôt original et inquiétant, ne va jamais au bout des choses...
Car à l'image du décor de cartes postales proposé dans le film, à savoir une forêt luxuriante près de cascades étincelantes et de collines verdoyantes, le casting semble avoir oublié de jouer, quasiment toutes les actrices étant apathiques, presque muettes pour certaines, ne dégageant pour la plupart aucune émotion. Difficile de dire si elles jouent mal ou ne jouent pas du tout. Certains y verront une œuvre contemplative lourde de sens, mais ne nous voilons pas la face : The Other Lamb brasse des thématiques vues et revues sans rien n'apporter de neuf. Inexploitée, cette vie en communauté sectaire et reculée, menée par un Raël trop sérieux pour en rire et trop fadasse pour demeurer inquiétant, n'arrive pas à réellement questionner ou effrayer, la mise en scène de Szumowska ne parvenant jamais à aller plus loin que l'enchainement de séquences visuellement travaillées.
Pourtant resplendissante, la jeune Raffey Cassidy (Tomorrowland, Mise à mort du cerf sacré) peine à crever l'écran et à s'imposer dans ce scénario tenant sur un post-it qui aurait fait un sacré court-métrage ou un film d'horreur viscéral entre d'autres mains. Ainsi, inutilement languissant, pensé comme une ode féministe de pacotille (ou une analyse des sectes cachées de par le globe) (ou un passage à l'âge adulte maladroit) et filmé comme un drame violent sans le savoir-faire adéquat pour frissonner, The Other Lamb ne convainc pas, se cherche continuellement, reste certes une belle tentative magnifiquement cinématographiée mais sans une once de rythme (contemplatif n'est pas synonyme de chiant, loin s'en faut).