Depuis une bonne dizaine d'années, maintenant, Liam Neeson, c'est toujours à peu près la même chose : du film d'action ou à suspens, centré sur un héros ordinaire, un ex-quelque chose reconverti, pris dans l'engrenage d'une machination quelconque, au fond du trou ou bon père de famille la plupart du temps séparé. Aucune surprise à l'horizon depuis Taken.
Une certaine idée du confort, en quelque sorte. Et de la certitude sur ce que l'on aura sous les yeux pendant la séance.
Surtout depuis qu'il a fait la connaissance de Jaume Collet-Serra, pour qui il semble nourrir une certaine affection vu que ce The Passenger marque déjà leur quatrième collaboration. Un réalisateur capable, dont la déroute du récent Instinct de Survie ne saurait faire oublier les réussites de son remake de La Maison de Cire ou encore son formidablement tendu Esther.
Au premier abord, le duo semblerait nous refiler une copie à peine cachée de leur Non-Stop de 2014. En troquant de manière paresseuse un avion contre un train de banlieue. Il serait totalement hypocrite de ne pas répondre oui... Dans un premier temps.
Car oui, c'est le même duo devant et derrière la caméra à la barre de l'entreprise. Oui, la chasse au suspect random dans un moyen de transport est la même, tout comme l'ambiance de paranoïa light Oui, les apparences joueront contre le pauvre Liam qui sera pris, encore une fois, pour le bad guy de service alors qu'il veut seulement sauver les passagers de ce train pas comme les autres.
The Passenger ne s'éloignera de ce canevas déjà exploité que dans son dernier tiers qui, mine de rien, vire au spectaculaire le temps d'une péripétie bigger than life qui louchera furtivement du côté d'Unstoppable, avant de se terminer dans une sorte de mini huis clos.
Le film ne réservera donc presque aucune surprise, jusque dans l'identité de son méchant, tandis que Liam jouera une fois de plus le bon samaritain. Mais The Passenger est plutôt bien emballé, tout comme pouvaient l'être Sans Identité, Night Run et Non-Stop. Il permettra de passer, comme avec ses aînés, un bon moment devant un divertissement sans autre prétention que celle de faire penser à autre chose pendant 1H45 d'un suspens relatif plutôt agréable à suivre et à ressentir.
Ceux pour qui les précédents efforts du duo sont repassés par les trous de nez seront dès lors bien avisés d'économiser une place de ciné ainsi que leur après-midi ou leur soirée, pas comme les cinq ou six du site dont on se demande encore pourquoi ils assistent encore de manière masochiste à ce genre de spectacle.
Car il était évident que The Passenger serait un produit passe partout, loin d'être le film du mois, mais qui donne sans arrière pensée au spectateur ce qu'il est venu chercher : du Liam Neeson qui joue au héros et qui arrive toujours à distribuer quelques bonnes mandales. Ici, Jaume shootera son plus haut fait d'armes, dans un plan séquence assez bien vu tournant autour des deux belligérants. Et il y aura aussi l'occasion de voir Patrick Wilson, la toujours superbe Vera Farmiga et Sam Neill dans un défilé de seconds rôles des plus délicieux.
Sans doute cela vous paraitra-t-il bien faible, surtout au vu de la note irrationnelle du masqué. Comme d'hab quoi, Behind se contente de peu. D'une recette toute prête, d'un acteur qui radote et du plaisir fugace procuré par un film qui a tout de celui qui avait cours dans les séries B des années 90.
Ceux qui aiment tout cela prendront le train, assurément.
Behind_the_Mask, qui, un jour, réussira peut être à vous faire préférer le train.