Reconstitution historique et patriotisme : le chef-d’œuvre de Roland Emmerich

Sorti en 2000, The Patriot se base sur la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis, guerre qui opposa les 13 colonies d’Amérique du Nord au royaume de Grande-Bretagne, de 1775 à 1783. L’issue de cette Guerre marqua le départ des colons britanniques, l’indépendance des 13 colonies et ainsi la naissance des États-Unis d’Amérique.


Posons tout d’abord le cadre dans lequel se déroule l’action.



  • Sur le plan géographique, l’histoire du film prend place en Caroline du Sud, l’une des 13 colonies américaines aux mains des anglais.


  • Sur le plan temporel, l’intrigue commence vers fin 1775 - début 1776 lors de l’assemblée générale de Charleston et s’achève sur la bataille de Cowpens le 17 janvier 1781, dont l’issue marqua la victoire écrasante des forces révolutionnaires américaines de Caroline du Sud. L’épilogue nous emmène au 19 octobre 1781, jour de la bataille de Yorktown en Virginie, événement déterminant qui engendra la reddition de Lord Cornwallis et assura une victoire certaine aux américains et leurs alliés.


  • Le film met en scène Benjamin Martin, interprété par Mel Gibson, vétéran de guerre veuf et père de 7 enfants. Un vrai patriote qui aime son pays mais qui connaît les atrocités d’une guerre et ne s’y engagera qu’en dernier recours. Ce dernier recours sera ici de s’attaquer aux siens.



Meurtri mais toujours debout, Martin va prendre la tête de la milice de Caroline du Sud, faisant peu à peu grandir ses rangs. Le but de celle-ci sera de perturber les lignes de ravitaillement anglaises par des embuscades répétées, comblant ainsi l’infériorité numérique et de puissance de feu américaine sur le champ de bataille.


Épaulé par son fils aîné Gabriel, incarné par le regretté Heath Ledger, Martin va faire de sa milice une arme redoutable, dont la portée sera de modifier le cours de cette guerre.


Bien que le personnage de Benjamin Martin n’ait pas existé, il n’en demeure pas moins inspiré de plusieurs révolutionnaires américains de Caroline du Sud durant la Guerre d’Indépendance : Andrew Pickens, Thomas Sumter et Francis Marion.



  • Face à Martin et ses miliciens, les forces royalistes anglaises, dirigées par le cruel Colonel William Tavington, lui-même inspiré du Commandant de la British Légion Banastre Tarleton, autrefois surnommé “ le Boucher “. Interprété par Jason Isaacs (Lucius Malefoy dans Harry Potter), Tavington nous terrifie tout au long du film par ses exactions et sa cruauté sans limites.


Certains passages sont très durs émotionnellement, symbolisant la guerre dans sa forme la plus sombre et ses dérives les plus terribles.



  • Dernier acteur important de cette guerre : les français. Alliés des américains face aux britanniques, leur présence au cours du film se limite longuement au major Jean Villeneuve, incarné par un certain Tcheky Karyo, déjà sur place.


La promesse d’une forte intervention future laisse planer le doute sur cet allié tant espéré qu’est la France, oscillant entre espoir et incertitude.


Absents de l’ensemble du film, les forces françaises vont se révéler déterminantes lors de la bataille finale de Yorktown, symbole d’un beau dénouement porté par la narration de Benjamin Martin.



  • Les scènes de guerre sont superbes visuellement et dans leur mise en scène, apportant un vrai réalisme pour le spectateur.


Point culminant du film, la bataille de Cowpens est la plus somptueuse, mélangeant intelligemment miliciens et soldats américains pour un final grandiose et libérateur.



  • En résumé, The Patriot reconstitue de manière convaincante certaines batailles de la Guerre d’Indépendance américaine et met en lumière la place importante qu’ont joué les milices américaines.


Certaines critiques pointent le parti pris pro-américain et anti-britannique du film, voyant en lui un outil de propagande américain. A ceux-là, je répondrai que le film fait tout d’abord bien la distinction entre Patriotes et Loyalistes américains (ce qui nuance fortement l’idéalisme américain que certains dénoncent) et se centre de plus sur des faits historiques, qui s’ils sont indéniablement romancés, ne sont démentis nul part. Comment peut-on parler de propagande sur un film historique, n’ayant plus de réel impact sur la société actuelle, et qui ne s’inspire que de faits établis ?


Les années 2000 ont mis en lumière des liens plutôt étroits entre américains et britanniques, en témoigne leur engagement conjoint en Irak en 2003, ce qui semble tout simplement signifier que de l’eau a coulé sous les ponts depuis la Guerre d’Indépendance...


Porté par un Mel Gibson au sommet de sa forme, touchant et charismatique, The Patriot a pour moi sans hésiter sa place de chef d’Oeuvre.

Sir_Stifler
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le 12 déc. 2020

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Sir_Stifler

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