"Le temps de la vengeance n’est pas venu", dixit Mel Gibson. Ah bon ? Mais alors, c’est quand ?
Avec The Patriot, de Roland Emmerich, c’est parti pour 2h40 de brit bashing, un art ricain par excellence, où Hollywood, malgré Yorktown, continue de régler ses petites affaires avec les angliches.
D’ailleurs ici, c’est justement une histoire de vengeance : ILS ONT TUE MON FILS, JE VAIS ME VENGER !!! Ce parfum de vendetta permanente irrigue le film, enchaînant vengeance sur vengeance (ils ont tué mon fils, ma femme, mon chien, je vais me venger !!!), tout en rappelant (hypocrite) que la vengeance, c’est mal : « Le temps de la vengeance n’est pas venu », dixit Mel Gibson.
Ah bon ? Mais alors, c’est quand ?
Autre mocheté du film, son étalage de clichés, un vrai catalogue. Quand le méchant brule les pauvres paysans américains, il dodeline de la tête, petite moue meprisante, petit air tarlouze pour marmonner « Brûlez-les tous ! »* Vous vous rappelez sûrement, vous faisiez le même pour punir votre copain de vous avoir obligé de faire le méchant ; lui faisait toujours Zorro.
Donc, on résume les anglais très bêtes, très méchants et massacrent les honnêtes planteurs de tabac dans leur village, et c’est bizarrement filmé comme des Einsatzgruppen en pleine action au fin fond de l’Ukraine. On n’aime pas les anglais, mais c’est peut-être pousser le bouchon un peu loin.
Et, cherry on the cheesecake, le film est austro-allemand (vérifiez vous-même sur IMDb), et fait tellement l’éloge de l’Amérique, des américains, qu’à la fin on a juste envie de vomir. On comprend que le petit Emmerich veuille absolument sa green card, mais le fayotage, ça va bien : Independance Day, The Patriot… Ca commence à se voir.
Moralité : le film a été un échec aux Etats-Unis (110 M$ de budget, 113M$ de recettes). Pas si cons que ça, les ricains.
Depuis, Emmerich se venge : dans Le Jour d’Après, il invite les yankees à émigrer au Mexique pour cause de refroidissement climatique ! Et avec 2012, il leur promet l’apocalypse. T’énerves pas, Roland !
*C’est bizarre que ça passe aussi bien dans Die Hard, et aussi mal dans The Patriot. Problème de genre ?