Derek Cianfrance a bien pigé la formule de son Blue Valentine (que j'ai pourtant très très apprécié) pour le transmettre d'une manière bien maladroite dans son nouveau film. Deux ans après s'être intéressé aux désastres de la vie de couple, il nous propose ici une réflexion sur les désastres de la vie de famille en général, et plus particulièrement sur la filiation père-fils.

Le récit est assez dense et ambitieux puisqu'il se déroule sur une vingtaine d'années, mais il s'avère finalement très linéaire et vain. Finalement, quel est le but d'une telle démarche ? Qu'est-ce que le film a à raconter qu'on ne connaisse pas déjà ? A trop vouloir être propre dans sa réalisation et ses objectifs, Cianfrance finit par ne plus du tout nous surprendre et se complaît dans un style qui désormais lui est propre : bande son apaisante et mélancolique qui finit par agacer, mise en scène indie qui sonne faux, complication inutile de l'intrigue.

Du côté du casting, ça a plutôt de la gueule sur le papier : quoi de mieux que de réunir sur le même écran les deux acteurs les plus bankables du moment, à savoir Bradley Cooper et Ryan Gosling ? Si Cooper est absolument épatant et touchant dans un rôle à contre-emploi, peut-être le meilleur de sa carrière d'ailleurs, ça se complique pour Gosling. Honnêtement, on a vite fait le tour de cet acteur, à qui on demande de jouer à peu près toujours la même chose d'un film à l'autre, à savoir une bombe à retardement prête à éclater. Je n'ai pas encore vu Only God Forgives, mais je dois pas être loin de la vérité.

L'ensemble, pourtant, n'est pas mauvais en soi, car il a le mérite d'aller au bout des choses sans nous prendre totalement pour des cons. Ainsi on se contentera de quelques maigres réflexions sur le poids des secrets familiaux, sur la rancune et le désir de vengeance, ect... Mais le vrai problème, c'est que des grands réalisateurs sont déjà passés par là. Et quand on a déjà vu plusieurs fois le Mystic River de Clint Eastwood ou encore la filmographie de James Gray, on se dit que Derek Cianfrance a encore du pain sur la planche pour s'imposer comme un cinéaste à part.

Si je n'ai pas eu de mal à avaler les 2h20, je suis quand même passé à côté. Le film m'a laissé assez distant et n'a réveillé en moi que de fines émotions (notamment à travers la performance de B.Cooper). Cela dit, indulgence et encouragements pour Cianfrance, qui, rappelons-le, ne réalise là que son deuxième film.
badgone88
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le 30 mai 2013

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