Un récit poignant sans trop en faire, sous couvert d'une atmosphère enchanteresse...

Une claque poignante, qui vous laisse admiratif, pantois, ému… Derek Cianfrance, cinéaste que je découvre par la même occasion, signe donc avec The Place Beyond the Pines une œuvre au fort accent dramatique parfaitement composé ; aussi, bien qu’arborant des allures de thriller au départ, le tout surprend en virant peu à peu dans le tragique, les destinés de divers protagonistes se croisant pour donner vie à une histoire pour le moins poignante.

Le long-métrage surprend donc de par son déroulement, notamment au gré d’un passage de flambeau entre personnages, la première partie mettant en scène le très attendu Ryan Gosling : celui-ci, devenu blond platine afin d’incarner Luke Glanton, nous offre alors une prestation renversante, pleine d’authenticité et de prestance.

Les bases du drame à suivre se posent donc de fil en aiguille, jusqu’à un rebondissement qui bien qu’en réalité prévisible, nous surprend, nous laisse sur le cul…

C’est ici que toute la maîtrise scénaristique de Cianfrance, qui nous impressionne déjà de par une mise en scène superbe, entre en jeu avec la partition on ne peut plus convaincante d’un Bradley Cooper confirmant ses talents d’interprète.

Dès lors, impossible de se décrocher de l’ambiance tendue que dégage avec brio le film, l’ascension d’Avery Cross se voulant tout aussi prenante que les péripéties de Luke ; il s’opère également un contraste saisissant entre les aspirations de ces deux protagonistes, conférant alors à The Place Beyond the Pines une profondeur accrue, le rendant d’autant plus sublime dans le fond.

Un contraste donc, mais pas seulement, Luke et Avery partageant un essentiel point en commun : celui du devoir familial, qui constitue une part importante de l’intrigue développé par Cianfrance.

En clair, à la réalisation excellente s’ajoute les compositions parfaites d’un duo d’acteurs brillants, au service de personnages terriblement humains ; et l’on peut également souligner la présence d’une BO ensorcelante, tandis qu’une galerie exceptionnelle de seconds rôles accentue la qualité palpable se dégageant du long-métrage.

Puis vint le bond de quinze années en avant, nous permettant de découvrir la continuité (éloquente et logique) du contraste précédemment instauré, Avery Junior et Jason entrant en scène ; l’ambiance pleine de tension va alors croissante, tandis que se dessinent les contours d’un dénouement se faisant attendre.

On touche d’ailleurs là l’un des rares points faibles de The Place Beyond the Pines, qui tient en sa longue durée et son rythme lent, mais non sans raisons ; entendons donc par-là que ceci peut s’avérer redondant, mais pas à tous les coups.

En effet, si Cianfrance n’avait pas privilégié la parole à l’action, difficile d’imaginer pareille transmission d’émotions, notamment au gré d’un final… grandiose.

Aux remords et au pardon s’ajoute enfin une conclusion hautement symbolique, qui nous laisse émerveillé ; une telle fresque, voilà qui est foutrement rare, et surtout admirablement réussi.

Je ne sais pas si l’on peut parler de chef d’œuvre, mais cette réalisation de Derek Cianfrance pourrait y prétendre, sans l’ombre d’un doute.