Chienne de vie.
Découvrir une oeuvre comme "The plague dogs" c'est prendre un véritable uppercut en plein dans le coeur. Adapté du roman de Richard Adams, le film de Martin Rosen, datant de 1982, sombrera petit à...
Par
le 17 juin 2013
46 j'aime
2
Divertir, amuser et fédérer : trois règles d'or qu'un film d'animation doit suivre s'il veut se faire une place confortable dans l'inconscient collectif des 7 à 77 ans. Daté de 1982, The Plague Dogs ne cherche pas sciemment à tourner le dos à ces préceptes, il les ignore simplement.
Narrant l'histoire de deux chiens perdus en rase campagne après s'être échappés d'un labo d'expérimentation à l'éthique douteuse, The Plague Dogs est le film de toutes les injustices : humaines, morales et sociales.
Humaines car l'empathie immédiate que l'on ressent envers les animaux est décuplée par un sentiment aussi douloureux qu'anti-commercial : l'impuissance face à ce qui leur arrive.
Morales ensuite car, 82mn durant, il s'agit de suivre un duo de canidés livrés en pâture à des humains auxquels il est impossible de s'identifier ; condamnant leurs actions, ils nous renvoient un reflet peu glorieux de la mainmise des nos congénères sur le reste de la chaîne alimentaire.
Sociales, enfin, grâce au propos global du long métrage, les aspects humains et moraux provoquant une émotion qui élève le débat au point d'affecter notre responsabilité propre sur cette mainmise.
Hanté par le silence, The Plague Dogs n'est pas une promenade de santé. Sûr de lui, le récit écarte tout ce qui pourrait lui permettre d'être accueilli à bras ouverts par le public familial. Attaché à un réalisme sec que même l'anthropomorphisme des héros ne vient pas adoucir, The Plague Dogs tape là où ça fait mal. Loin d'accumuler les séquences de cruauté animale, le réalisateur Martin Rosen les réduit au contraire au minimum. Ayant posé son contexte, il fait craindre au public chaque nouvelle rencontre entre les deux évadés et les humains lancés à leur recherche. Peu à peu, il construit ainsi un suspense dont le rythme alangui pèse comme une chape de plomb jusqu'à une conclusion bouleversante, à mi-chemin entre la promesse de lendemains meilleurs et la peur panique d'une mort cruelle, sans personne pour y assister hormis la poignée de spectateurs qui aura fait le voyage.
Balade désespérée dans un simili no man's land cadré à hauteur de deux animaux seuls au monde, The Plague Dogs est un petit chef-d'oeuvre d'émotion brute qui mérite vraiment d'être découvert.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Faire son boulot d'éclaireur, Sortis avant ma naissance mais découverts ou revus au cinéma et Les meilleurs dessins animés pas vraiment pour les enfants
Créée
le 18 mars 2014
Critique lue 2K fois
63 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur The Plague Dogs
Découvrir une oeuvre comme "The plague dogs" c'est prendre un véritable uppercut en plein dans le coeur. Adapté du roman de Richard Adams, le film de Martin Rosen, datant de 1982, sombrera petit à...
Par
le 17 juin 2013
46 j'aime
2
Ah c'est bien fait, ça y a pas. Les décors sont de belles peintures mélancoliques, tristes même, très travaillées. Les animaux sont réalistes, ah ça, et de plus, humanisés par leurs paroles. Une...
Par
le 27 nov. 2013
21 j'aime
8
I don't feel, no pain no more... Renouer avec avec l'écriture comme ces canidés avec la liberté... Snitter et Rowf (déjà rien que leurs noms donnent envie de les aimer), deux chiens utilisés...
Par
le 14 mars 2016
10 j'aime
3
Du même critique
Ca tient à si peu de choses, en fait. Un drap qui se soulève, le bruit de pieds nus qui claquent sur le sol, une mèche de cheveux égarée sur une serviette, un haut de pyjama qui traîne, un texto...
le 4 sept. 2022
226 j'aime
34
Critique tapée à chaud, j'ai pas forcément l'habitude, pardonnez le bazar. Mais à film vite fait, réponse expédiée. Personne n'est dupe, le marketing peut faire et défaire un film. Vaste fumisterie,...
le 9 août 2014
220 j'aime
97
Rendre attachants les êtres détestables, faire de gangsters ultra-violents des figures tragiques qui questionnent l'humain, cela a toujours été le credo de Martin Scorsese. Loin des rues de New-York,...
le 25 déc. 2013
217 j'aime
14