Ce film est à placer dans la catégorie hors normes, de par sa durée qui dépasse tout juste l’heure et de par son état d’esprit. Il montre Elaine, une jeune américaine (environ 18 ans), vivant de petites rapines et se fichant pas mal de ce qui préoccupe la majorité de ses concitoyens. Son souci semble avant tout de jouir de sa liberté et de s’amuser de tout ce qu’elle pourra.


Pour le spectateur, la question est de comprendre le titre. La réponse ne saute pas aux yeux. Une piste semble néanmoins à écarter, celle du film politique, quoique… En effet, en ouvrant un sac qu’elle vient de subtiliser, Elaine tombe sur un livre intitulé Témoignage par… Nicolas Sarkozy ! On n’en saura pas plus. En fait, Elaine n’est pas qu’une opportuniste, c’est également une curieuse, une rêveuse (étonnante séquence onirique au zoo) et une charmante enquiquineuse. J’en veux pour preuve sa façon de s’immiscer dans un tournoi de tennis de table. Elle y rencontre un homme de type asiatique qui accepte l’opposition. Mais Elaine vient jouer au ping-pong avec des gens qui jouent au tennis de table… Elle qui court très bien à l’occasion se contente de renvoyer les balles avec désinvolture, restant bien campée sur ses jambes sans se déplacer et affichant ouvertement son mépris pour tout effort technique. Doit-on considérer comme un indice le fait que son adversaire la laisse servir après avoir servi les deux premiers points, au mépris des règles ?


C’est probablement un clin d’œil à la façon de vivre d’Elaine qui se moque des règles. Dans le même style, elle apprend à conduire en une soirée, grâce à son ami Josh (joué par le réalisateur, Joshua Safdie) qu’elle rencontre au moment idéal alors qu’elle sort d’une soirée avec un butin dont elle ne sait pas comment le faire fructifier.


Le réalisateur laisse entendre que les règles édictées par les « responsables » sont absurdes. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer ce père dans un parc demandant à son jeune fils de mettre du sable dans son seau.


Bref, n’ayant pas d’interprétation certaine pour le titre original, je proposerais bien une variation malicieuse pour sa traduction avec « Le plaisir d’être volées » en sous-entendant qu’il s’agit des images du film (le plaisir étant partagé entre le réalisateur et le spectateur). En effet, le film présente des images tremblées (caméra visiblement portée à l’épaule) de quelques scènes de la vie d’Elaine, d’abord nocturnes puis diurnes. Une fille ni triste ni paumée, qui assume sa marginalité avec un grand naturel, allant jusqu’à faire son possible pour se dépêtrer de la curiosité d’un voisin qui l’observe rentrer chez elle chargée de paquets. La liberté qu’elle affiche correspond à tout ce que montre le film, liberté de filmer et liberté de mouvements. Avec un tel principe, des menottes aux poignets ne sont qu’un frein tout relatif.


Le film repose sur la belle prestation de la toute jeune Eleonore Hendricks qui entre avec culot et naturel dans son personnage. Un film qui se veut à la fois profond et léger, mais qui s’enlise parfois (la rencontre avec Josh s’éternise inutilement). Il se laisse voir, notamment grâce à de belles images nocturnes d’un New-York hors des sentiers battus, quelques touches d’humour et une BO agréable.

Electron
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le 31 août 2014

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