Le sage, la lune et le doigt

The Poughkeepsie Tapes c'est un film tourné comme un documentaire américain sur un tueur en série mystérieux qui se filmait en train de commettre ses méfaits et dont on a retrouvé lesdites cassettes.

Ponctué d'interview d'acteurs de théâtre amateurs sous Xanax qui répètent la même chose en boucle, à savoir qu'ils n'ont jamais rien vu de pires que ces cassettes dans leurs existences respectives et que c'est dégueulasse et qu'ils sont choqués et qu'ils trouvent que c'est sale et que je ne sais pas quoi blablabla. Bien évidemment, tout cela tombe à l'eau une fois les vidéos montrées puisqu'en terme de violence explicite, on a déjà vu pire ailleurs. C'est tout le problème de se lancer sans cesse des fleurs « le film le plus gore, le plus affreux » et j'en passe. On est toujours déçu. Bref, toutes ces parties documentaires ne sont finalement pas très intéressantes, on se fait vite chier à les écouter, d'autant que la plupart des intervenants sonnent faux le comédien bon marché.

Ce qui est donc intéressant dans The Poughkeepsie Tapes ce sont donc ces cassettes filmées par le bourreau. Pour le coup, quelques-unes d'entre elles sont sympathiques et une certaine tension s'installe dans quelques scènes ; par exemple quand les deux fillettes viennent sonner chez le tueur on a droit à une scène qui fonctionne plutôt bien avec ce qu'il faut de tension en crescendo et ce côté malsain et glauque qui caractérise les cassettes du tueur avec ce rendu distordu et un traitement d'image assez sympa. Idem pour certaines mises à mort (en fait, une mise à mort, les autres sont nazes) qui est assez glauque dans l'exécution.

Le problème de ce mélange de genres entre docu et founfoutage snuffmovie c'est que c'est chiant. Ça peut vous intéresser si vous appréciez les documentaires à l'américaine mais moi ça m'emmerde assez vite. Par conséquent le film m'a emmerdé assez vite. Or si le côté snuff et les sketchs du tueur sont suffisamment glauques pour m'intéresser, d'autant que l'aspect réalisme y est, ce n'est pas le cas de l'enrobage.

Quant aux messages sous-jacents, comme la peine de morts, l'hystérie des médias, la querelle des experts avec le profilage, le syndrome de Stockholm, ça reste beaucoup trop anecdotique et trop noyé dans ce cirque de reportage pour être marquant. Du même du film. On peut en dire ce qu'on veut, ça reste un bête documentaire étasunien. Vraiment dommage parce que pour le coup, la relation entre la victime et le tueur aurait du être le point central de l'ouvrage et tourner exclusivement autour de ça. On y aurait gagner tout ce qu'il manque finalement ; un propos et un film.