Cette critique pourrait vous révéler des éléments clés du scénario.
The Prison écope d'une forte personnalité de film d'action/polar américain en huis clos du milieu des années 90, d'un genre qui pariait moins sur son scénario que sur ses acteurs charismatiques. C'est tout à fait comme cela qu'il aborde ses deux heures de durée un poil longuettes, avec sa personnalité coréenne en supplément dont il évite soigneusement l'habituelle ultra-violence presque sadique, se reposant plutôt sur le développement de son duo de personnages principaux.
The Prison, à l'image de Dernier Train pour Busan sorti la même année et du Tunnel de 2016, tire son essence dans le cinéma de genre américain : là où le premier mêlait en bordel la violence de George A. Romero aux zombies hyperactifs de l'ultra-spectaculaire World War Z, il décide de s'inspirer tour à tour des films d'action des années 80-90, de mafieux, d'action simplistes ou de vengeance cachée pour monter un spectacle loin de l'esthétisme habituel des films coréens, volonté d'en faire un divertissement international et grand public oblige.
Rien de bien dérangeant à cela, quand on sait à quoi s'attendre : un film de vengeance classique qui ne tente jamais d'extirper des sentiers battus dans lesquels il s'embourbe passé sa première heure, pourtant prometteuse. Prometteuse puisqu'elle jouait de façon astucieuse sur l'arrivée dans un univers que le protagoniste, et par extension le spectateur grand public, ne connaissait que par représentation (qu'elle soit sociale, télévisuelle, cinématographique,...), laissant présager d'un film qui joue sur les codes d'un genre éteint pour mieux les contourner et viser la surprise.
Avant de se ranger bien sagement du côté des actionners américains, avec un personnage principal increvable qui va forcément devoir se faire apprécier du grand boss pour pouvoir l'approcher, et se venger sans grande jouissance de ce personnage de grand méchant charismatique. Au spectateur d'encaisser la douille, et de décider s'il accepte d'abandonner l'idée de voir un film de survie dans une prison, pour suivre l'habituel divertissement de vengeance sous couverture qu'il est surement habitué à suivre.
Bien que tout ce qu'il tente ait été fait en bien meilleur par des réalisateurs et des scénaristes plus qualifiés et imaginatifs, il n'empêche que The Prison préserve un développement d'intrigue et d'enjeux tout à fait correct, assez bien amené pour rendre ses personnages attachants et solides. Sa grande réussite tient du fait qu'il se consacre plus à son antagoniste qu'à son protagoniste; bien moins lisse, plus approfondi et ambigu, Jung Ik-Ho (interprété par Han Suk-kyu), le grand méchant de l'histoire, donne une toute autre portée à ce divertissement pourtant très classique.
La relation qu'il entretient avec Song Yoo-Gun (policier sous couverture au nom évocateur, et campé par Kim Rae-Won), en plus d'offrir de l'épaisseur au personnage principal, tient en haleine durant une bonne partie du déroulé de la bobine. Bien plus appréciables quand on se consacre uniquement à son jeu d'acteur, ces deux heures de long-métrage un poil longuettes apportent bien peu de choses si l'on n'y cherche pas un divertissement primaire sans aucun contenu de réflexion.
A la manière du genre cinématographique dont il tient ses sources d'inspiration, The Prison, tout aussi sympathique et abouti soit-il (l'évolution de la relation d'amitié-haine qui unit les deux personnages est très bien construite), perd en profondeur ce qu'il gagne en efficacité, sans pour autant se défaire de cet aspect lisse et sans personnalité que lui transmettent sa photographie correcte mais banale, sa mise en scène peu imaginative mais honnête et son intrigue qui se veut alambiquée, mais n'apporte finalement pas grand chose d'autre qu'un long-métrage primaire et sans prétention.
Appréciable, à condition de savoir à quoi s'attendre.