Film quasi-documentaire sur le plus grand tricheur des vingt dernières années dans le monde du sport, The Program est un excellent film. Servi par une distribution exceptionnelle avec en fer de lance (oui, j'ai osé) le très convaincaint Ben Foster, il nous montre avec maints détails les coulisses d'une tricherie organisée à l'époque où c'est vrai c'est ce qu'il fallait faire pour gagner (ses rivaux étaient quand même Beloki, Heras, Hamilton et surtout Ullrich). Guillaume Canet, interprêtant ici le sulfureux Michele Ferrari donne là la meilleure prestation de sa carrière peut-être, presque aussi drôle que dans Un ticket pour l'espace ;) ! Le Dr. Ferrari, celui qui comparait l'EPO à 10 litres de jus d'orange est d'ailleurs l'un des personnages les plus réussis du film, à lui seul il mériterait un film d'ailleurs, y a qu'à voir sa liste de "patients" composée des plus grands champions cyclistes de l'époque (Laurent Jalabert, Abraham Olano, Claudio Chiappuci, Pantani puis Alessandro Pettachi)... Denis Ménochet est vraiment bon en Johan Bruyneel, l'accent flamand en moins et c'est très intéressant de voir la rencontre des deux gars qui régnèrent sur le cyclisme mondial du début des années 2000, le film nous montre qu'ils collaborent dès 1999 et le premier Tour d'Armstrong avec l'US Postal, c'est faux par contre, Lance a viré Weltz le directeur sportif de 1999 qu'il trouvait pas assez pro et a ensuite contacté son pote Bruyneel. A part ça et une autre boulette (dans une scène sensée se dérouler en 2002, on voit une une avec Jonny Wilkinson lors de la Coupe du Monde de rugby 2003 avec comme titre "King of the World" dans le bureau du patron de David Walsh). Que dire d'autre sinon que le vélo est magnifiquement bien filmé notamment au début lors des classiques belges qui apparaissent dans le film, accompagné de très bons sons, tout ça est vraiment excellent. Le film n'occulte pas également la part de lumière de Lance Armstrong, son combat magnifique contre la maladie et pour revenir à la compétition, sa lutte contre le cancer en général, son apport majeur à la popularité du cyclisme aux Etats-Unis. Mais "The Boss" nous est également montré sous sa facette la plus noire : mégalomane, tricheur évidemment, chef de meute, menteur à répétitions. Avoir de l'ambition, c'est bien, être prêt à tout pour l'assouvir, beaucoup moins et Lance Armstrong en a payé les frais, le film montre donc sa chute. Il est vrai que jamais aucun autre sportif n'avait autant traîné dans la boue il me semble, retrait de tous ses sponsors, remboursement des primes de victoires. Lance en a bavé, et je considère ce personnage comme fascinant et comme terriblement humain. Je l'ai regardé, j'ai douté de lui (quand il revient presque sur Virenque qu'avait plusieurs minutes d'avance au Ventoux en 2002, faut pas déconner quand même, dommage que cette scène ne soit pas dans le film), je l'ai critiqué, détesté mais je lui ai pardonné. Et ce mec était quoi qu'on en dise, un grand champion parce que ses premières victoires, il ne les a pas gagnées grâce à l'EPO, une étape du Tour à Verdun (au sprint!) et le championnat du monde sur route en 1993, c'étaient quand même de grosses performances et le film ne les montre pas. La dernière citée, à Oslo, dans des conditions dantesques, valait peut-être le détour, car elle a contribué à forger la légende (champion du monde à 22 ans quand même) et prouve que sans l'EPO il aurait quand même eu d'autres belles victoires, en tout cas c'est mon avis mais il a voulu plus et cela a commencé avant son cancer (ça je ne le savais pas avec déja la prise de produits dopants). Le personnage de Floyd Landis est également intéressant, je ne me savais pas qu'il avait tellement d'importance dans la chute de Lance Armstrong, en France on parle plus de Tyler Hamilton (qui est cité dans le film) ou de David Zabriskie. Enfin, il fallait faire des choix, tant sur les courses à montrer que pour les témoignages à mettre en exergue, en revanche je trouve ça vraiment dommage que le nom de Pierre Ballester ne soit pas cité une fois dans le film, c'est quand même lui qu'a co-signé LA Confidentiel : Les Secrets de Lance Armstrong (titre original du livre, d'abord édité en France). Dommage donc, L'Equipe qui a révélé en 2005, un contrôle positif datant de 1999, n'est d'ailleurs pas citée dans le film. Je regrette également l'abscence de George Hincapie, le fidèle lieutenant d'Armstrong, enfin on imagine qu'il est dans le film, mais son nom est jamais cité alors qu'il s'est dopé et a lui aussi fait des aveux contre Armstrong. Enfin, cette histoire est passionnante et trop d'éléments entrent en compte pour tous les inclure dans un film qui tient la route. Un excellent film vraiment. J'ai pas vu tous ses films mais c'est même le chef d'oeuvre de Stephen Frears devant les excellents High Fidelity ou Tamara Drewe par exemple.

ClémentBessoudoux
9

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Créée

le 23 sept. 2015

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