Se7en
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le 22 sept. 2015
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Tiré du livre du journaliste David Walsh, The program relate la vie professionnelle de Lance Armstrong de ses débuts à sa déchéance. Exclusivement focalisé sur sa carrière, le film fait le point sur le programme mis en place pour permettre au coureur américain de remporter sept fois le Tour de France.
L'ouverture du film est magnifique avec cette caméra à courte focale qui embrasse un paysage alpin grandiose et qui vient suivre la roue et l'effort d'un coureur affûté. A l'image de ce cycliste qui relance sa course régulièrement, Frears donne à son film un rythme haletant, toujours prêt à faire l'effort pour ne jamais laisser le spectateur à l'arrêt. Classique dans sa structure, on suit les débuts modestes de Armstrong en compétition, son combat contre la maladie et son ascension aux sommets, The program suit de façon chronologique le système élaboré par le coureur et le docteur Ferrari pour améliorer les performances, déjouer les contrôles et produire un champion comme l'Amérique les aime tant.
La réalisation de Frears est d'une redoutable efficacité. Oscillant entre documentaire, archives, fiction, l'ensemble est d'une cohérence totale. Le britannique se permet même le luxe de proposer des plans en course somptueux, avec des montagnes magnifiées, des rubans d'asphaltes tortueux ou des carapaces de pavés. Les ficelles sont fines et on ne ressent à aucun moment le sentiment de fiction ou de tromperie. Le montage est réglé sur le petit plateau, les plans s’enchaînent à une vitesse élevée sans asphyxier la narration. Appuyé par une bande son toujours à propos, The program est une œuvre énergique et moderne.
Le personnage de Lance Armstrong est factuel. Toujours en mouvement, dans l'action constante. La caméra ne s'éloigne ni dans l'espace ni dans le temps. On ne sait rien de la périphérie du champion. Rien sur la famille, les proches, le passé, sur ce qui aurait pu expliquer cet égo hors catégorie. Complexe, Armstrong propose plusieurs développements. Humain, on le sent fragile, toujours hanté par les scories de sa maladie. On le voit concerné, dans l'intimité d'une chambre d’hôpital, friable devant un miroir, désabusé face à la troisième place du podium. On le sait capable de douter, propice à la colère ou à l'emportement. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, car Armstrong est surtout un animal à sang froid. Calculateur, égocentrique, manipulateur, il construit sa gloire avec une précision méticuleuse. Bourreau de travail, il construit sa légende et son personnage social avec grand soin, avec l'intelligence de celui qui sait s'entourer des bonnes personnes. Il dépasse le statut d'icône pour devenir ce que le royaume capitaliste adule : une marque.
The program est une œuvre sur l'ambition et le culte de la réussite. Dans notre société de l'image, Frears met en scène un Lance Armstrong pur produit de cette époque, adepte de la finalité à tous prix. Le regard porté sur les instances du cyclisme, les autres coureurs, les journalistes ou même les spectateurs n'est pas tendre. Témoins consentants et muets de cette étourdissante supercherie qui a duré plus d'une décennie, chacun trouvant à son niveau des bénéfices à en tirer. S'il devait y avoir un jour un procès de Lance Armstrong, il n'y aurait jamais assez de place sur le banc des accusés. Et malheureusement en cyclisme comme ailleurs, la roue tourne, un tricheur en cache souvent un autre...
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2016. Entre chefs d'œuvre et nanars, petit ou grand écran.
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le 25 janv. 2016
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