Si j'ai depuis quelques temps une folle envie de me rendre en Corée du Nord, le récent film de Werner Herzog Into the Inferno ne faisait que renforcer cette envie, c'est donc tout naturellement que je me suis orienté vers ce documentaire... qui ne sait pas trop sur quel pied danser...
Les images que l'on voit de la Corée du Nord sont magnifiques, ça donne forcément envie d'y aller, les gens ont l'air heureux, etc, cependant durant la trop courte séquence en Corée, Herzog arrivait bien mieux à analyser sur quoi se basait la propagande coréenne, sur quoi elle appuyait son pouvoir, Herzog est quelqu'un avec une vision, ici ça manque quand même cruellement. Surtout qu'au début du film c'est juste un blâme de la Corée du Nord, blâme qui ne sera contre-balancé que tardivement et que partiellement.
Parce que le Alejandro, explique très bien, répond très bien aux accusations portées par les américains. D'ailleurs c'est très marrant de voir le type d'Amnestie Internationale venir dire "oh mais si tu n'as rien à cacher, laissez-nous rentrer" (or si l'on cherche à défendre nos libertés individuelles c'est exactement le truc à ne pas dire : "je me fiche d'être surveillé, je n'ai rien à cacher"), c'est amusant et cocasse de voir Alejandro répondre que les droits universels de l'Homme n'ont comme but que d'imposer le système américain partout dans le monde et qu'étrangement ces droits n'incluent pas l'accès à l'eau, au logement, à la nourriture, à l'éducation... C'est très marrant de voir des journalistes râler parce que l'école nord-coréenne est soumise à la propagande d'un régime... ces gens là n'ont rien compris à l'utilité de l'école, certes il faut apprendre des choses pour avoir un métier, être utile à la société et j'en passe... Mais ça sert également à former une nation, un peuple uni, avec des valeurs communes... C'est le cas en Amérique, c'est le cas en France aussi... et c'est normal.
Finalement le moment le plus impartial du film reste ce moment où, vers la fin, le réalisateur explique pourquoi la Corée du Nord existe toujours, quel est l'intérêt géopolitique pour toutes les forces en présence de maintenir le statu quo. De plus il avoue ne plus trop savoir ou se situe la vérité entre les dires des autochtones et ce que disent les américains et les occidentaux en général...
Mais malheureusement le film radote pas mal, ce qui fait que l'heure et demie passe plutôt doucement, on n'apprend pas grand chose et surtout on voit toujours la même chose, c'est assez répétitif. Le film, comme je le disais au début, manque d'audace, manque de personnalité, manque d'âme... et si c'est pour se conclure en disant que l'on écoute pas les victimes du statu quo de la Corée du Nord en montrant des visages d'habitants sur fond de musique triste, c'est peut-être pas la peine.
Mais rien que pour m'avoir renforcé dans mon idée d'aller observer ce pays, de montrer que c'est très loin d'être moche, ça peut valoir le coup.