NB : Cette analyse a été réalisée dans le cadre d'un cours sur les crises sismiques de ma formation d'ingénieur.
*The Quake* est un film catastrophe norvégien sortie en 2018 et réalisé par John Andreas Andersen. Ce film fait suite à un premier film sorti en 2015, *The Wave*, réalisé par Roar Uthaug, dans lequel on retrouve les mêmes personnages principaux. Dans *The Wave* nous suivons les péripéties d’un géologue, Kristoffer joué par Kristian Eikjord, qui tente de sauver sa famille d’une catastrophe naturelle éminente : un tsunami de plus de 80m de haut dans le fjord de Geiranger provoqué par un glissement de terrain. Cette fois-ci le danger est tout autre, ce n’est plus quelques centaines de personnes qui risquent de mourir mais bien des milliers car la faille d’Oslo semble se réveiller.
« Comment mesurer un mouvement si celui-ci ne s’est pas encore produit » interroge l’expert du NORSAR (équivalent du Réseau National de Surveillance Sismique (RéNaSS) en France) au géologue père de famille (le héros). Mais l’expert ne savait surement pas qu’un risque ne se mesure pas qu’à la force de son aléa mais aussi à la vulnérabilité du territoire impacté. En sismicité, on parle généralement de l’aléa sous deux termes : l’aléa local et l’aléa régional. Alors qu’un aléa régional est déterminé par la source sismique (magnitude, caractéristique de la faille), un aléa local dépend des conditions géologiques et topographiques. Ainsi, un tremblement de terre d’une faible magnitude peut avoir une intensité très importante en surface due aux effets de sites. Mais cela n’inquiète pas l’expert du NORSAR bien qu’il soit au courant que le sol d’Oslo soit fait d’une argile marine très instable et sensible aux mouvements de terrain et aux phénomènes de liquéfaction comme le suggère les images lors du séisme. Il en aura fallu quand même du temps à notre géologue pour découvrir que le sol d’Oslo n’était pas génial. Pourtant son collègue décédé l’avait bien aiguillé, il avait disposé ces carottages dans son bureau pour qu’il les trouve plus facilement. Après je comprends qu’on soit un peu stressé quand on est dans une ville où il y a des coupures d’électricité H24 et des bâtiments qui tremblent tout seul. Heureusement pour notre héros, quelques rats laissés par son collègue dans un tunnel vont le mettre sur la piste d’une possible éruption limnique, une éruption de type volcanique qui n’a pas grand-chose à voir avec des mouvements de failles mais qui lui confirme quand même l’arrivé imminente d’un tremblement de terre. L’expert du NORSAR a raison on ne peut pas prévoir quand surviendra le séisme mais on peut bien s’en protéger, d’autant plus quand on sait qu’un séisme majeur a déjà eu lieu il y a une centaine d’année.
Oslo est la capitale de la Norvège et donc son cœur économique. Elle compte plus de 600 000 habitants. C’est donc un territoire avec des enjeux immenses. Lorsqu’un territoire soumis au risques sismiques présente de tels enjeux, il est important de penser l’urbanisation et la construction en conséquent. 90% des décès lors d’un séisme sont dues à l’effondrement des bâtiments. La vulnérabilité du bâti doit donc être analysée afin de déterminer la quantité de dommage plausible en fonction de l’aléa (occupation des sols/ échelles de dégât EMS98). Les bâtiments doivent être protégés aussi en conséquent. En France, il existe une réglementation parasismique des bâtiments. Des normes sont à appliquer (Eurocode 8 , PSMI …) en fonction de la nature du bâtiment et de la vulnérabilité de la zone. Les installations à forts enjeux type ICPE et nucléaires doivent faire l’objet de protections renforcées. En Norvège, j’avoue ne pas savoir comment cela se passe mais à la manière dont les bâtiments s’écroulent, il semblerait que la réglementation soit assez souple. Heureusement encore pour notre héros, sa femme a décidé d’être dans le bon bâtiment.
Passons maintenant ces commentaires techniques pour quelques considérations plus ou moins filmographique. A moins d’être connaisseur en géologie où en risque sismique, il faut admettre que l’acheminement jusqu’au séisme est plutôt bien géré. La tension est palpable. Voire trop, il faut le dire, le séisme se fait bien attendre et le film a des longueurs. J’avoue avoir du mal avec les films catastrophes. J’ai toujours l’impression que les personnages vont avoir les pires idées aux pires moments.