Jackie et David Siegel (30 ans de différence) sont milliardaires et ne s’en cachent pas. Pour preuve, ils sont en train de se faire construire la plus grande et la plus onéreuse maison des États-Unis, appelée “Versailles”. Mais ça… c’était avant le drame.
The Queen of Versailles (2012) est typiquement le genre de documentaire qui nous ramène les pieds sur Terre et nous conforte dans notre vie de “petite gens”. Ce qui est intéressant ici, c’est de constater qu’à aucun moment, la réalisatrice n’avait imaginé ce qu’elle s'apprêtait réellement à filmer pendant les 2 ans qu’ont duré le tournage. Initialement, elle devait dresser le portrait hors norme de ce couple qui détonne (richissime et extravagant) et finalement, elle va assister à la chute d’un empire, celui d’une des plus grosses fortunes du pays (et accessoirement, celui qui prétend être à l'origine de l'élection de George W. Bush), contraignant à hypothéquer ses biens et à revoir à la baisse leur train de vie.
Lauren Greenfield a pu s’immiscer dans le quotidien des Siegel, David a fait fortune avec Westgate Resorts, un empire tentaculaire spécialisé dans le “timeshare” (location en temps partagé) et Jackie, une ex-Miss Floride qui s’occupe principalement de ses 7 enfants quand elle n’est pas occupé à dilapider l’argent de son mari.
D’entrée de jeu, on est frappé par leur train de vie, ils ne voyagent qu’en jet privé, madame va s’acheter Mcdo en limousine et tous les deux s’apprêtent à emménager dans la maison la plus chère du pays (estimée à 100M$ une fois les travaux terminés), de 8400m² et comprenant, excusez du peu, un spa, une piscine, une patinoire, un bowling, 10 cuisines, 14 chambres, un bar à sushis, deux courts de tennis, un terrain de baseball, un garage pouvant contenir jusqu’à 20 voitures, ainsi qu’un quartier pour les domestiques.
Mais tout ça… c’était avant que n’éclate la bulle immobilière avec la crise des subprimes de 2008, faisant vaciller l’empire des Siegel, obligé d'hypothéquer, de licencier en masse et de vendre leur luxure villa en cours de construction et estimée à 75M$, sauf que personne n’en voulait (lors du tournage en 2010, la maison n’était construite qu’à 50%).
Le film donne l’occasion de voir ces ultra-riches dans leur cocon où le kitsch côtoie le beauf (les tableaux représentant le couple). Malgré les menaces qui pèsent sur leur train de vie, Jackie Siegel continue de dilapider l’argent du couple en cure de botox, en dépensant sans compter pour un tas de conneries et allant jusqu’à s’offrir du caviar à Noël. Elle est en plein déni et vit dans son petit monde feutré tout en oubliant la réalité (le must reste la scène où elle a été contrainte de prendre un vol commercial à défaut de son jet privé et a dû prendre une voiture de location chez Hertz où elle demande s’il y aura un chauffeur pendant toute la durée de la location). Pendant ce temps-là, David Siegel se morfond et désespère de ne trouver une solution pour sauver son empire, c’est le jour et la nuit entre les deux.
Tout n’est qu’apparence dans ce triste portrait du rêve américain clinquant et nauséabond d’arrogance, quand le vernis se craquèle, la chute est brutal, surtout quand ces deux là n’ont rien mis de côté aussi bien pour eux que pour leurs enfants, ça sent le roussis.
Leur histoire étant digne d’un soap opera,
ils parviendront à se refaire une santé (après avoir dû tout de même vendre leur hôtel à Las Vegas pour éponger les dettes)
et histoire d’entretenir leur narcissisme, on les retrouvera 10 ans plus tard dans une télé-réalité "Queen of Versailles Reigns Again" (et si vous vous demandez ce qu’est devenu leur Versailles en Floride, la villa est toujours en cours de construction, après… 20 ans de travaux ! !! Un chantier de la démesure, à l’image de la maison…).
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