Un gros plan sur un papier peint de chambre d'enfant pour nous faire comprendre le drame qui s'est joué au sein de cette maison, un biscuit posé sur le coin d'une table pour exprimer les prémices d'un rapprochement entre deux personnages.
Voilà deux illustrations de l'intelligence et de la subtilité de la mise en scène de ce film. Par des plans et des cadrages d'une précision et d'une beauté assez Impressionnantes, le réalisateur Irlandais déroule son histoire avec beaucoup de pudeur, sans jamais que celle ci soit exagérée (contrairement à la légère réserve que j'avais pu émettre sur le Bleu du Caftan). Une très belle réalisation qui permet de mettre en images ce que ressentent les personnages, tous aussi taiseux les uns que les autres, mais interprétés avec beaucoup de subtilité par leurs acteurs.
En plaçant sa caméra à hauteur de la jeune fille, et en rendant l'histoire difficile à dater, il facilite l'identification avec sa jeune héroïne, magnifiquement interprétée par Catherine Clinch, au visage de porcelaine (et qui sera d'ailleurs traitée comme une poupée). Tout comme elle, on se méfie, dans un premier temps, des intentions de chacun, puis on se prend à désirer que ce séjour et cette douce parenthèse se prolongent pour que le film ne s'arrête pas si vite. D'ailleurs, difficile de ne pas verser une larme, lors de ce final aussi beau que déchirant, où les émotions de chacun s'expriment enfin.
Le seul point sur lequel le film manque peut être un peu de finesse serait la façon un peu trop caricaturale dont les parents biologiques sont représentés. Le film, plutôt court au final, aurait pu prendre le temps de dessiner avec un trait moins grossier cette famille.
Premier film Irlandais nommé pour l'Oscar du meilleur film étranger, tourné quasi intégralement en galéique qui plus est, The Quiet Girl est très beau et m'a permis de renouer avec des émotions d'enfance ressenties à l'époque devant un autre film, Le Grand Chemin, qui présentait certaines similitudes dans le récit.