L'action est située dans la campagne irlandaise au début de la décennie 1980. Dans ce cadre rural, on suit une jeune fille de neuf ans, négligée et renfermée. Le temps d'un été, parce que sa mère s'apprête à accoucher d'un énième gosse et parce que son géniteur mâle ne mérite pas du tout le titre de "papa de l'année", elle est confiée aux bons soins d'un couple de cousins fermiers. Elle va connaître pour la première fois ce que c'est de vivre au sein d'un foyer affectueux...
**
C'est le premier long-métrage de son réalisateur, Colm Bairéad, et pour un coup d'essai, c'est réussi. Il y a un peu de scorie avec l'habituelle mélasse musicale piano-violon qu'on a entendu des milliards de fois ailleurs et qui vous annonce exactement ce que vous devez ressentir. Mais ce n'est pas trop gênant étant donné que c'est utilisé avec parcimonie et que les notes que l'on entend le plus dans la BO, ce sont celles du silence, celles des sons naturels. Et pour plonger dans une ambiance de quiétude, dans laquelle on fait comprendre aux spectateurs par eux-mêmes les non-dits, sans jamais surligner, c'est ce qu'il y a de mieux.
L'ensemble est principalement une succession de tranches de vie, de gestes banals du quotidien qui, pourtant, permettent de présenter un trio de personnages, pudiques et taiseux dans un premier abord, profondément attachant, dont les relations vont s'enrichir au fur et à mesure que le récit avance. On se laisse aller à ces émotions simples. Ce qui fait que l'on ne se méfie pas et, sans crier gare, lors des toutes dernières minutes, les yeux deviennent humides. Et ce n'est pas parce que l'on est en train de couper des oignons, comme les deux protagonistes féminins à un moment précis.
Et, bordel, rien qu'à la voir, avec son regard azur triste et son allure timide, on a envie de prendre la gamine dans ses bras et de la protéger des cruautés de ce monde. Entourée d'un casting d'adultes excellent, la jeune Catherine Clinch impose une sensibilité, une photogénie et une présence marquantes, qui impriment le film tout du long. Rien que pour elle, The Quiet Girl mérite qu'on s'y arrête.
Autrement, la caméra filme l'Irlande rurale, telle qu'elle est, sans chercher à mettre en relief sa beauté, mais sans chercher aussi à la dissimuler. Le fait que ce soit la langue irlandaise qui est majoritairement parlée ici renforce le particularisme des lieux, l'impression d'être dans les coins les plus reculés du pays.
Mais cette émouvante histoire pourrait se dérouler n'importe où. Son cadre fascine par sa spécificité. Reste qu'au-delà de cela, son contenu est universel. Toutes ces raisons font que cette œuvre mérite qu'on s'y arrête.
**