Tout en subtilité et en non-dits l'épais scénario de The Raid nous narre les péripéties d'une escouade de gardiens de la paix qui se lance à l'assaut d'une habitation à loyer modérée tenue par un criminel notoire. Chemin faisant ils sont obligé d'abandonner la voie diplomatique et de recourir à la force, des brigands s'étant mis en tête de perturber la bonne marche de la justice. Perdant leur jovialité, et quelques camarades, les hommes de la maréchaussée voient leurs perspectives d'avenir diminuer à mesure que les minutes passent.


Qu'est ce qu'il faut pas faire pour rendre l'histoire de The Raid intéressante ! Vous l'aurez compris on ne va pas voir "The Raid" pour son scénario. Avec son pitch minimaliste et sa mise en situation immédiate ce film vise l'adrénaline et l'efficacité avant toute chose.
Dans un jouissif excès la violence se fait omniprésente et frontale, les acteurs aux capacités martiales parfois étonnantes ( Yayan Ruhian qui joue Mad Dog !! ) se foutent sur la tronche avec générosité. Si les flingues parlent au début les choses sérieuses commencent lorsque l'on en vient aux mains, parfois accompagnés de divers accessoires plus ou moins tranchant allant du couteau à la machette, en passant par la chaise.

A l'heure où certains sont capable de filmer, avec la plus grande hypocrisie du monde, une ville ravagée sans qu'il y ait le moindre mort à l'écran Gareth Evans revient aux fondamentaux : de la brutalité pure et dure. Dans la grande tradition du film d'exploitation "The Raid" délivre ce qu'il promet, sans chercher à baisser son froc, en oubliant les compromis au vestiaire.


D'autres films l'ont fait avant lui mais contrairement à un "Ong Bak" (le film où tu as les pare-soleil dans le champs pendant toute la dernière séquence !) le réalisateur sait tenir un minimum une caméra.
L'objectif de Gareth Evans ne perd rien de ce spectacle régressif, gardant une lisibilité de tous les instants, s'appuyant sur un montage assurant aux coups un impact maximal. Sans esbroufe inutile, sans cool-attitude à la mords-moi-le-noeud, sans poses débiles pour vendre des figurines, les combats sont secs et d'une violence totale. Le sang gicle, les coups pleuvent, les membres se brisent, les colonnes vertébrales explosent. Les affrontements font vraiment mal... et c'est précisément ça qui fait tellement de bien.


Bien conscient des limites dramatiques et de la bêtise intrinsèque de son scénario le réalisateur/scénariste le réduit à une expression purement utilitaire. On évite au passage tout débordement débile ou toute tentative de message nauséabond (on repense, avec un doigt au fond de la gorge, à "Born to fight"). La machine fonctionne grâce à ce récit efficace et épuré qui s'assume de bout en bout. De la même manière que la mise en scène, le scénario n'est là que pour servire au mieux l'Action avec un rythme parfaitement géré, relâchant la pression juste ce qu'il faut avant d'envoyer la purée. Alors que la tentation d'en rajouter toujours plus est là, au risque de devenir chiant, Gareth Evans maîtrise son métrage jusqu'au bout.


"The Raid" est cependant limité par des personnages uniquement caractérisés par leur resistance aux coups (surnaturelle, évidemment, vu les mandales qu'ils se prennent tous) et par une direction de la photo assez aléatoire. Certes le décor est un HLM délabré et la tonalité glauque de l'ensemble, parfois à la limite du film fantastique, appelle à une lumière en adéquation mais l'image est parfois assez moche, heureusement le cadrage reste propre voir parfois vraiment inspiré et que les idées s'enchaînent frénétiquement.


Porté par un buzz inhabituel pour ce type de production (avouez, c'est la première fois que vous allez voir un film indonésien) "The Raid" s'impose définitivement comme une pellicule d'action à l'ancienne. Pas une révolution, non, mais une prise de relais. De la brutalité pure dans une approche viscérale et humble du genre, emballée par un réalisateur qui a compris que le principal intérêt d'une scène d'action était de mettre en valeur l'action. Tous les "Expendables", "Transformers" et autres "Machete" du monde, avec leur caméra parkinsonienne, leur montage illisible et leur action boursoufflée, se prennent un joli taquet en pleine gueule. "The Raid" est un exutoire tel qu'il pousse une salle entière à applaudir lors du dernier combat, un bouquet final sous la forme d'une baston proprement homérique.


Nous sommes en 2012 et le Cinéma d'action n'est pas mort.

Vnr-Herzog
9
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le 24 juin 2012

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