Difficile de le dissimuler bien longtemps. Après l'avoir vu deux fois en deux jours, après m'être juré d'aller le revoir en salles, d'acheter le Blu Ray lorsqu'il sortirait, et vu ma note, "The Raid", c'est "Rama 1/2" comparé à "The Raid 2". Car tout comme il y a eu, par exemple, un avant et un après "Terminator 2" en matière d'effets spéciaux, il y aura bien un avant et un après "Berandal" en matière d'arts martiaux et d'action. En provenance d'Indonésie cette fois. Un régal à consommer sobre de préférence, mais que même l'homme soûl matera.
Véritable ballet acrobatique de tous les instants, les corps dansent la java, les frappes pas lourdes n'existent pas, même de la part d'un ennemi qui passe souvent pour un Moluque face à ce héros invincible pourtant tout juste sorti du moule. La guerre est totale mais c'est toujours le cas lorsqu'on est bornés, oh ! Semarang tout du long, une véritable prouesse, et comme tout le monde, j'avais mal à Medan chaque fois que Rama donnait du coude.

Gareth Evans a revu sa copie de fond en comble. Tout ce qu'il était légitime de critiquer dans "The Raid" a été retravaillé, très nettement amélioré. Le scénario sans être d'une grande originalité, est assez fouillé pour un film du genre. Sur une histoire d'infiltration dans une mafia, Evans a l'intelligence de ne pas céder à tous les poncifs, c'est fort appréciable. Les 2h30 de film alternent scènes de baston ultra violentes et phases de dialogues utiles à l'intrigue, sans excès toutefois, afin de ne pas plomber le rythme global et ne pas occulter la vocation première de "Berandal", à savoir d'en mettre plein la vue et d'avoir un spectateur éreinté à la fin du film.
"The Raid 2" se pose en magnifique vitrine du pencak silat, un art martial local, dont Iko Uwais est l'un des plus grands ambassadeurs. Distributeur officiel de traumatismes crâniens depuis 2009, il a beau avoir bien mangé à la cantine ces derniers temps, l'acteur nous rassure en levant la patte comme personne. Il y a donc encore de la marge. Non, il ne ressemblera pas à Sammo Hung dans "The Raid 3", dans lequel il pourrait donner la réplique à un certain Tony Jaa ! Les chorégraphies sont toutes plus ingénieuses les unes que les autres. A mains nues, à l'arme blanche (karambit), à la batte de baseball, au marteau (!) et un peu à l'arme à feu aussi, même si dans une moindre mesure que dans le premier opus, bref, tout y passe.

Le décor est utilisé très habilement, et on se délectera de combats dans des espaces vastes, exigus, sombres, lumineux, toujours superbement mis en valeur par une caméra qui sait exactement où se placer afin de maximiser l'impact, tout en demeurant lisible. Cerise sur le gâteau déjà bien savoureux, le spectateur aura même droit à quelques plans séquence vertigineux, ou encore à une scène de poursuite incroyable d'intensité, la caméra se promenant d'une voiture à l'autre, à l'avant, à l'arrière, etc...du grand art !
Cette fois la photographie est soignée, on remarque un immense travail sur les décors, les couleurs, la lumière. Visuellement on oscille quelque part entre "Only God Forgives" et "A Bittersweet Life", aspect contemplatif inclus. Même le jeu d'acteur est globalement bon, le personnage d'Iko Uwais gagnant en profondeur. Quel plaisir également, de revoir le supra charismatique et chevelu "Francis" Yayan Ruhian et son personnage impitoyable de Prakoso. L’interprète de l’hallucinant Mad Dog est de retour, "un chien (Ber)andalou". Il est si attachant que l’on ne voudrait pas retrouver Yayan tout raid(e) !

Une réalisation harmonieuse donc, et malgré la présence d'Evans derrière la caméra, cette fois il n'y aura pas de douche écossaise. Plutôt une douche de sang, vu les hectolitres d'hémoglobine déversés par (Richard) containers entiers. Très percutant, on atteint des sommets dans le "too much" pleinement assumé, et surtout, jouissif au possible, alors dans ces conditions, qu'importe le réalisme ?!
"Meilleur est le méchant, meilleur est le film". Il semblerait que le réalisateur écossais ait écouté les conseils du grand Alfred. Certains antagonistes de "Berandal" sont parmi les plus charismatiques et extrêmes que j'aie pu voir au cinéma ces dernières années. Hammer Girl, Basebal Bat Man, l'Assassin, n'en jetez plus ! Globalement, il n'y a pas de fausse note, c'est assez rare dans une production de ce genre pour être souligné.

Gareth Evans balaie tout sur son passage et joue Jakarta sur table. "The Raid 2" est excessif et risque de surprendre, voire choquer. Pour l'amateur d'action et de combats millimétrés, c'est avant tout une gourmandise furieuse dans laquelle tout le monde finit étalé comme une crêpe. Pourtant, jusqu'au bout, ces mêmes pancakes s'y lattent.
Gothic
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le 26 juin 2014

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Gothic

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