Rololololo, c'est une tuerie. J'ai pourtant plus de mal à m'emporter sans réserve avec l'âge mais malgré quelques premières remontrances sur l'entame bizarrement distendue, le crescendo est inexorable vers le plus outrageusement rageur des films de baston jamais réalisé. On est clairement tout en haut question chorégraphies de combats, la mère des mandales. D'ailleurs, beaucoup moins d'armes à feu cette fois-ci.

Berandal ne se repose pas sur les lauriers de "The Raid" et Gareth Evans en corrige au mieux les lourdeurs simplistes en y insufflant une fresque de plus de deux heures qu'il tentait en fait de réaliser depuis longtemps, avant même "The Raid". Il en conserve un crescendo d'action de plus en plus extraterrestre mais porté cette fois-ci par un portrait mafieux tout ce qu'il y a de plus balisé mais finement épuré de blabla en trop. Entendez par là que chaque réplique forcément un peu attendue n'est là que pour synthétiser l'image du film d'infiltration et de mafia et mettre en route un acte de violence esthétisant. En ce sens, "Berandal" se rapproche du concept de "Only God forgives" sauf qu'au lieu de contempler seulement les murs, les yeux s'écarquillent régulièrement d'une débauche d'adrénaline vengeresse sous sa forme la plus pure.

Iko Uwais est très judicieusement mis au second plan. Là où il n'y avait guère que lui et Mad Dog à faire dans le guerrier indestructible et original qui font tout le boulot dans "The Raid", "Berandal" propose une petite galerie de mafieux tordus et de tueurs colorés que tout amateur chérit avant même de les avoir vu à l'oeuvre, notamment le kid à la batte de baseball et la fameuse Hammer Girl et ses deux marteaux, olala, ce ne sont que des persos secondaires mais c'est de la pure adrénaline filmée.

La dernière partie offre des scènes d'action qui synthétisent tout ce qui a pu être fait et le magnifie en une quintessence sanglante comme si Gareth Evans savait exactement toutes les scènes que l'amateur de violence filmée avait envie de voir, avec une course poursuite en voitures, scène la plus filmée au monde, hallucinante de radicalité. En fait, c'est là où Berandal se repose et explose. L'action est radicale et violente à outrance et totalement soutenue par un réalisateur grand connaisseur de ses références et un soin photographique, une caméra et un montage en pleine recherche de jamais vu. Ça bouge beaucoup et pourtant c'est d'une beauté fluide sans pareil. On pourra pinailler sur un petit côté répétitif des coups, un déjà-vu dans The Raid. Je dis peanuts. Et la BO minimale a toujours du goût.

Iko Uwais semble plus gras et inutile mais c'est pour mieux nous faire jouir lorsqu'il va décider de tous les massacrer. Rien de révolutionnaire dans cette histoire de clash entre familles mafieuses japonaises et indonésiennes mais pas de confiture non plus. Un fils ambitieux, un père expérimenté mais en fin de course, un yakuza puissant, une taupe bien dissimulée dont la famille est pour une fois toujours en sécurité, et ça fait du bien de ne pas voir une famille innocente menacée pour une fois. Les effluves des grandes fresques mafieuses n'en sont que plus palpables. Le héros sombre et malmené du début à la fin éclate finalement tout comme la suprême maxime du film d'action : il ne peut en rester qu'un !

Un film ambitieux réalisé par un père désormais expérimenté. Gareth Evans est parfaitement dans l'air du temps et nous pond la plus belle violence graphique jamais osée en dehors de tous les gros circuits habituels du genre.

Nerveux comme un thaïlandais, fou comme un hongkongais, sombre comme un coréen, violent comme un japonais, baroque comme un italien, sec comme un britannique, spectaculaire comme un américain, poseur comme un danois, hystérique comme un indonésien, attention, c'est l'heure de Berandal.

ps : coup de chapeau au grand Bruce Law le hongkongais, responsable des cascades motorisées.

pps : ne pas trop s'attendre à une guerre Yakuzas versus mafia indonésienne à l'échelle d'une ville, Berandal reste très majoritairement concentré sur des espaces intérieurs bien délimités et ses quelques personnages principaux. Pas de commando de police tactique non plus, Iko Uwais est seul en sous-marin.
drélium
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le 8 mai 2014

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drélium

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