Un film bouleversant qui met mal à l’aise sans pour autant être malsain. Les trois acteurs principaux sont chacun excellents et Kate Winslet a véritablement mérité son oscar. Elle est mon actrice préférée, et une fois encore elle ne m’a pas déçue. La photographie est superbe et la musique accompagne le film avec justesse.


Cette histoire met mal à l’aise dans un premier temps en raison de la relation amoureuse qui s’établit entre Michael Berg âgé de 15 ans et Hanna qui en a 15 de plus. On est gêné non pas seulement par la grande différence d’âge, mais aussi par le caractère renfermé et fruste de Hanna et on entrevoit les dégâts qu’elle risque de causer à Michael.
Puis on est encore plus mal à l’aise quand on découvre que cette femme a été gardienne à Auschwitz et semble n’éprouver aucun regret pour ses actions. Témoignant avec ingénuité au procès de ce qu’elle a fait et semblant ne rien comprendre à l’hostilité avec laquelle sont accueillis ses aveux. Elle se situe à un niveau pratique : les prisonnières il a bien fallu les brûler, sinon elles se seraient sauvées et ça aurait été le chaos… C’était le travail des gardiennes de les garder… Elle ne semble avoir aucun jugement moral.


Ce film est profondément déstabilisant et on vit cette histoire à la manière de Michael. Malgré le caractère ambigu de Hanna, on se prend à avoir pitié d’elle et on s’interroge. Qui donc est cette femme pour avoir posé de tels actes. On perçoit sa fragilité à travers son analphabétisme dont elle a honte, à travers le fait qu’elle n’a ni famille, ni amis. On perçoit chez elle une certaine innocence sans que cela excuse quoi que ce soit de ses actes. Tout ce débat est présent chez Michael qui à la fois condamne ses actes, qui est incapable de lui venir en aide quand il pourrait témoigner en révélant son analphabétisme qui aurait pu alléger la condamnation en la disculpant d’avoir rédigé le rapport, et en même temps quelques années plus tard qui enregistre des livres pour lui envoyer les cassettes ; qui est incapable de lui tenir la main quand il la rencontre en prison mais qui accepte de la prendre en charge à la fin de sa peine.


Le dénouement est bouleversant. Rien ne peut justifier les actes de ceux qui ont participé activement et passivement à la Shoah et tout en même temps, devant cette femme ordinaire on perçoit qu’on ne peut être le juge : ni condamner, ni pardonner. On se trouve face au mystère de l’être humain.

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le 14 juil. 2021

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abscondita

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