IMPORTANTS SPOILS INSIDE, abstenez-vous si vous n'avez pas encore vu ce magnifique film (qu'attendez-vous au fait ?). VRAIMENT NE LISEZ PAS SI VOUS N'AVEZ PAS VU LE FILM.
Anachronique cette affiche qui, pour ne pas gâcher deux belles têtes d'affiche, fait cohabiter deux personnages de deux époques : Kate jeune, et Ralph Fiennes, version "âgée" du personnage principal. Car oui, sauf erreur de ma part, on le voit davantage apparaître dans sa version ado.
Vraiment dommage de se commettre ainsi pour "respecter" le casting.
Bref, détail que tout cela.
Une critique un peu originale, je vais vous conter le film que j'ai vu (et par deux fois qui plus est, avant qu'on ne m'ouvre les yeux), pas le "vrai" film.
Dans ma version, la chronologie est un petit peu malmenée.
Voyez-vous, je prête en général un œil au mieux distrait aux dates qui apparaissent à l'écran. C'est bien souvent un tort, reconnaissons-le, mais dans ce cas précis ça a donné lieu à une expérience intéressante, je trouve.
Dans ma dimension donc, The Reader se déroule ainsi :
- Michael rencontre Hanna avant-guerre, ils vivent leur histoire
- Lors de sa promotion dans le service des trams, et afin de masquer son incapacité à lire, Hanna choisit de partir chez les SS, et quitte Michael sans un adieu
- Après-guerre, il la retrouve "fortuitement" au procès, la suite et fin restant les mêmes que pour les gens ayant vu le film "normal"
Cette vision des choses présente un certain intérêt à mon avis, pas seulement pour défendre ce manque cruel de concentration qui est le mien.
L'impact psychologique des évènements sur la vie du jeune Michael reste énorme, mais différent.
Ainsi, ce n'est plus lui qui sert de substitut aux enfants qui faisaient la lecture à Hanna dans les camps. C'est elle qui essaie de retrouver un ersatz de cet amour perdu, alors même que l'horreur l'entoure.
Il n'a pas à lui pardonner de lui avoir caché les atrocités commises par le passé mais de l'avoir quitté, faisant le choix de la guerre et, sans le savoir, du nazisme.
Le parcours du jeune Michael est sensiblement le même, recherche d'explications quant aux raisons qui ont poussées Hanna à prendre ces délicates décisions, tentative de pardonner, difficulté de comprendre. Et le regard des autres.
Je crois que ce film-là aussi aurait valu la peine d'être vu. En toute modestie bien entendu.
Concernant le "vrai" film maintenant.
Comme le dit @Before-Sunrise, dans ce film "à Oscars", pas grand-chose à jeter.
La photographie est somptueuse, le casting à l'avenant avec une Kate en état de grâce (que je déteste cette expression) à laquelle on ne pouvait guère refuser cet Oscar. J'avais d'ailleurs oublié, et me suis dit en revoyant le film "elle a forcément gagné quelque chose pour ça".
Je trouve l'histoire délicate, la narration savamment menée avec une réflexion ne brillant certes pas forcément par son originalité délirante, mais en tout cas empreinte de tact, de profondeur et de force.
Une critique fleurant bon la dithyrambe comme celle-ci n'augure peut-être pas d'une note si "basse", mais c'est tout simplement parce que The Reader a les défauts de ses qualités.
Un tant soit peu académique, si on veut chercher la petite bête, parfois à l'extrême limite de tomber dans le piège du film "tire-larmes" un peu grossier, il jongle avec des pièges mortels pour un film, heureusement avec succès dans ce cas précis.
Et puis aussi mais surtout, cette mise en situation tellement romanesque. Le côté téléphoné de la rencontre, et l'invraisemblance de la rapidité des liens se tissant entre ces deux êtres, du moins dans les premiers temps.
J'imagine aisément que tout ceci est plus subtil dans le livre, qui a davantage le temps de poser les choses, construire la relation de façon plus crédible, mais ici ça fait quand même un peu "catapulté".
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à "Le Rouge et le Noir", forcément...
Enfin bref, The Reader est un classique de 2009, à savourer sans plus tarder.