Intéressant mais imparfait

Si vous êtes déjà penché sur le sujet des relations sociologiques hommes-femmes et/ou que vous êtes un opposant au féminisme de manière générale, je pense que ce documentaire ne vous apprendra pas grand chose, il résume plus ou moins bien l'appréhension du féminisme de la part des hommes se sentant discriminés et ciblés par cette idéologie, ainsi que les difficultés quotidiennes à laquelle ils sont confrontés et dont ils estiment que le féminisme fait semblant d'ignorer pour nourrir ses thèses : la garde des enfants peu avantageuse pour les hommes, la solitude, le chômage, la pauvreté, les travaux très durs et les décès qui en résultent, etc.
En effet, le documentaire a pour fil conducteur d'aller à la rencontre des MRAs (Men Rights Activists) et de mieux connaître leurs revendications et leurs idées.

A partir de là, je ne vois pas ce que l'on peut dire de plus là-dessus, la question tournerait plutôt autour de la pertinence des arguments. On est d'accord, ou on ne l'est pas, force est de remarquer que le documentaire leur laisse tout le loisir de s'exprimer. Cela aurait pu être plus intéressant d'étudier cet aspect du masculinisme si le documentaire ne tombait pas autant dans le misérabilisme et une sorte de "victimisation" des hommes. Néanmoins, quand on compare cela avec la posture similaire que prend systématiquement le parti adverse, on peut comprendre cette démarche comme outil pour faire passer ses idées, puisque lorsqu'elles sont balancées à froid, elles sont généralement qualifiées de "nauséabondes" et autres qualificatifs du champ lexical des odeurs qui est propre à la gauche culturelle.

Le documentaire soulève donc des points intéressants, va aussi chercher les arguments des féministes en allant à leur rencontre. On y trouve autant des réflexions féministes intelligentes que des caricatures propres à ce qu'on appelle les "SJW", qui se montrent agressifs et souhaitent réprimer la liberté d'expression de leurs opposants dans les universités, et notamment l'intervention de la fameuse féministe "Big Red", représentant assez bien l'image que l'on se fait du féminisme dit "radical".

En dehors de la garde des enfants, qui est un sujet important mais qui n'est qu'une question d'ordre du droit privé et qui dépend en plus de certains pays, que je ne pourrais pas développer par manque de connaissance du fonctionnement américain ; le documentaire se concentre aussi sur la question de la domination masculine.
Il serait trop long de lister les raisons qui pèsent le pour et le contre, de manière générale, les MRAs défendent le fait que la domination masculine n'est qu'une illusion car elle ne concerne pas la souffrance des hommes qui subissent le dur quotidien que leur impose leur vie privée et professionnelle. Je pense que c'est un argument intéressant.
Les féministes pointent-elles vraiment du doigt le vrai problème en parlant de domination masculine et en amalgamant l'homme de pouvoir et l'homme du quotidien ? L'argument féministe pour évoquer le patriarcat résulte de la parité entre les hommes et les femmes dans les hauts postes. Mais l’absence d'une catégorie sociale est-elle vraiment l'absence d'une discrimination ? Pour rester sur le cas américain : l'absence d’Asiatiques et la domination de Noirs dans les équipes de basket n’est pas causée par la discrimination. L’existence de discrimination n’est pas reliée à des conséquences sociales adverses : les Japonais ou les Juifs aux États-Unis réussissaient mieux que les WASP malgré l’existence avérée de discrimination, ou les Chinois dans bien des pays hors de Chine, parmi de nombreux exemple.
L'explication a tout de même été maintes fois données, les femmes se tournent principalement vers des métiers qui leur permet de se tourner vers la vie de famille, on peut bien évidemment discuter de cette mentalité genrée, mais si cette mentalité est encore en vigueur actuellement selon les féministes, c'est bien parce que les femmes elles-même consentent à vivre ainsi. Bref, le documentaire a le mérite de dire aussi que les féministes ne dénoncent pas le fait qu'on manque de femmes dans les travaux durs. J'ignore si c'est vrai, peut-être que certaines obédiences féministes le font, si c'est le cas, je serais heureux que l'on me les signale.

En dehors de ses sujets abordés secondairement, c'est véritablement celui-ci qui est le fil conducteur du documentaire. Les MRAs tentent de démontrer que "les hommes" tel que les définit de manière holiste, les féministes, et leur supposée domination, se base sur des fondements caduques et amalgamants. Il tend aussi à démontrer que le féminisme, tel qu'il est représenté actuellement, ne lutte donc pas pour une égalité, mais pour une augmentation des droits des femmes, au détriment de la liberté individuelle d'autrui. Cette augmentation des droits va au-delà de la capacité juridique, elle est coercitive et outrepasse le domaine de l'acceptable.

Sans être manichéen, bien qu'un peu misérabiliste, le documentaire soulève certaines questions qui méritent d'être abordées. Le fait-il bien ? Est-il convaincant ? C'est à chacun de le percevoir comme tel, ou pas, mais savoir que la réalisatrice du film a changé de vision au fur et à mesure de son tournage, donne tout de même à réfléchir, selon moi.

Est-ce un bon documentaire ? Oui, il est dans la moyenne de ce qui se fait en la matière.
Est-il à voir ? Seulement si vous n'êtes pas déjà "redpillé", sinon cela n'a que peu d'intérêt.