L’intention de la réalisatrice est intéressante : donner la parole aux masculinistes, ou plutôt, aux « défenseurs des droits des hommes ». Elle s’attend à démontrer leur misogynie insupportable, elle pense qu’elle aura affaire à des hommes encourageant délibérément les violences envers les femmes. Mais cela ne se passe pas comme prévu (ben oui, pas si bêtes les mascus). Leurs arguments la touchent, et elle finit par remettre en question ses propres idées féministes.
Le problème de ce documentaire, c’est sa malhonnêteté intellectuelle et l’absence d’approfondissement des sujets qui y sont abordés.
Ce documentaire a l’air d’aller au fond de ses sujets, il propose une apparente diversité de points de vue, avec quelques féministes qui s’expriment de temps à autres. On finirait presque par prendre pour objectivité irréprochable ce qui n’est que mensonge par omission. En réalité, ce film ne fait qu’effleurer ses sujets, en prenant pour acquises toutes les vérités tronquées qui sortent de la bouche des masculinistes, sans aucun travail de fond remettant un tant soit peu leur parole en perspective.
Un exemple : quand elle explique que la garde des enfants, aux États Unis, n’est accordée au pères que dans 18% des cas (il me semble), elle oublie de regarder les statistiques du taux de satisfaction des pères à propos de cette décision. Je ne les connais pas aux États Unis (je ne vais quand meme pas faire son travail non plus), mais ces chiffres existent en France. La répartition des gardes d’enfant entre mères et pères y est extrêmement similaire, et on voit pourtant que dans 93% des cas, les pères sont satisfaits de la décision rendue par le juge. De quoi remettre en perspective ces chiffres, et relativiser la position victimaire des MRA (Men’s Right Activists) interviewés.
Ce documentaire est discutable sur tous les points qu’il aborde, je n’en ferais pas une liste exhaustive ici, mais j’en retiens au moins une chose, c’est que c’est un film au mieux naïf, au pire manipulateur, une pilule bleue en costume rouge qui confond les discriminations systémiques liées au genre avec ... toutes les autres.