The Report
6.7
The Report

Film de Scott Z. Burns (2019)

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Le hasard a voulu que je visionne la même semaine The report et Zéro Dark Thirty qui tous les deux relatent la poursuite de Ben Laden après les attentats du 11 septembre.
Le second est sans conteste plus ambitieux cinématographiquement mais aussi plus ambigu concernant l’utilisation de la torture par les Etats Unis pour arriver à retrouver la trace du terroriste.
Là où The report montre en détails un duo de psychologues aux théories fumeuses appliquer des méthodes qui, pour être intellectualisées, n’en relèvent pas moins de la plus primitive bestialité en plus d’être totalement inefficaces ( un « patient » s’est vu par exemple appliquer le supplice de la baignoire une centaine de fois sans qu’il ne révèle rien d’éventuels attentats…), Zéro Dark Thirty manipule un petit peu la vérité historique en laissant entendre que c’est grâce à cette même torture , filmée avec un réalisme similaire dans l’un et l’autre film, qu’on a pu arriver à localiser Ben Laden au Pakistan.
S’agit-il d’une caution faite à cette pratique d’un autre âge, comme j’ai pu le lire çà et là ?
Dans les deux films, le regard féminin de l’agent de la CIA chargé de superviser les interrogatoires symbolise la puissance de l’idée de Bien qui, pour s’exercer, doit être capable de voir le Mal et parfois d’y participer.
Seulement, dans ZDT, le personnage qui voit et cautionne sans participer - joué avec efficacité par Jessica Chastin – s’effondre devant la réalisation de sa quête du Bien : elle ouvre le sac qui contient le corps de Ben Laden et voit un homme : terrible prise de conscience du chevalier du Bien qui voit qu’il a produit le Mal.
Dans The report, le même personnage joué par Laura Tierney disparaît sans état d’âme apparent, ayant rempli sa mission. Mais la réflexion se fait plus politique en déplaçant l’attention sur la sénatrice démocrate Dianne Feinstein. C’est elle qui commande le célèbre « rapport » au pugnace Adam Driver qui révèlera l’utilisation illégale de la torture par la CIA.
Les deux films posent donc la même question éthique : est-il légitime d’enfreindre les principes élémentaires d’humanité pour atteindre un but louable moralement comme prévenir d’autres attentats et donc sauver la vie de milliers de gens ?
Et tous les deux répondent différemment mais de façon évidente que RIEN ne justifie l’abdication de son humanité. Non seulement cet abandon rabaisse au même niveau que ceux qu’on poursuit, rajoutant le Mal au Mal, mais en plus peut transformer l’exercice du Bien en simple vengeance dérisoire ou pire, en règlement de compte entre forces politiques.
Dans les deux films, malgré leurs différences, on voit les enfants de Ben Laden, terrorisés, assister à l’exécution sommaire de leurs parents.
Si on sacrifie l’innocence et le Bien pour faire le Bien, peut-être se trompe-t-on quelque part dans notre acception de la notion…
Ou alors, dans des sociétés n’ayant plus comme priorité le respect absolu d’une notion ayant perdu toute légitimité transcendante, le Bien est-il devenu aussi relatif que tout autre dimension morale et conduit, irrémédiablement, à justifier le Mal…

jaklin
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le 6 déc. 2021

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