« 12 hommes en colère » est l’un des films que j’ai le plus vus, avec fascination, avec émotion.
C’est un huis-clos étouffant donnant pourtant à l’espace réduit une grandeur étonnante – et le microcosme acquiert la dimension du genre humain.
Un homme seul, par la seule force de sa conviction que son intelligence n’aura de cesse de confirmer, va sauver de la condamnation à mort un jeune accusé d’avoir tué son père et que l’indifférence, la bêtise, la haine, les préjugés avaient condamné d’avance.
Eloge de l’argumentation reposant sur un sens de l’observation lui-même inspiré par une foi en l’homme indéfectible, le film raconte la délibération d’un jury et constitue un puissant plaidoyer pour une justice détachée de toute passion et de toute subjectivité.
Avant de juger, chacun des membres du jury, aidé par l’engagement du juré joué par Henry Fonda, devra accéder à cette humanité qui n’est pas donnée a priori mais se gagne. En abandonnant leur égoïsme, leurs idées toutes faites, leur arrogance culturelle ou leur agressivité, ils deviendront plus humains, plus grands, en rendant la justice.
Sans aucun dogmatisme, en rendant passionnants et haletants des dialogues si fouillés qu’ils remplacent l’action sans un seul temps mort, « 12 hommes en colère » est à la fois une leçon de justice et d’humanité. A mettre au Panthéon de la pensée qui change le monde au même titre que le discours de Badinter devant L'Assemblée, le 17 septembre 1981!