Quand une dictature militaire tombe et qu'une jeune démocratie la remplace enfin, l'euphorie est de mise, mais que deviennent ceux qui ont servi le pouvoir précédent et l'ont accompagné dans ses exactions ? C'est cette situations que raconte El Rapto, dans une Argentine libérée de ses tourmenteurs, à partir de 1983, mais désormais soumise à une série d'enlèvements, dus à d'anciens affidés du régime de terreur, ciblant notamment des entrepreneurs, susceptibles de payer de hautes rançons. Plus précisément, le film de Daniela Goggi s'intéresse au cas des frères Levy, l'un enlevé et l'autre remuant ciel et terre pour le sauver. Le récit se repose sur une grande sobriété, avec une tension permanente et quelques intermèdes familiaux. Cependant, les ellipses temporelles sont tellement importantes qu'elles nuisent parfois à la compréhension des tenants et aboutissants d'une affaire qui s'enlise. La dernière partie du film est bien plus probante, vraie tragédie humaine, avec un dénouement certes prévisible mais puissant. La reconstitution d'époque est impeccable et il faut surtout saluer la prestation majuscule de Rodrigo de la Serna, impressionnant en homme fatigué et acculé.