Avant d’entamer le visionnage de « The Return », on se réjouit de retrouver l’un des duos les plus mythiques du septième art, trente ans après le mythique et multi primé « Le Patient anglais » d’Anthony Minghella. Il s’agit bien sûr de Ralph Fiennes et Juliette Binoche. Mais, cette fois, leur réunion à l’écran les entraîne encore plus loin en arrière dans l’espace-temps puisque ce n’est plus la Seconde Guerre Mondiale qui est prise pour décor mais la période juste après la Guerre de Troie, soit durant l’Antiquité. Uberto Pasolini fait le choix d’adapter la toute dernière partie de l’Odyssée d’Homère, quand Ulysse retourne à Ithaque après dix ans d’errance pour retrouver sa femme Pénélope assaillie par les prétendants. On n’est pas vraiment face à un péplum ici malgré que certains aspects puissent y faire penser pas plus qu’on adopte le genre du film mythologique du style « Le Choc des titans » puisque le cinéaste a gommé tous les éléments divins de l’intrigue pour en faire un film réaliste très loin des canons du blockbuster. Voilà donc un drôle de projet qui n’appartient à aucune mode et fait presque office d’anomalie dans le paysage cinématographique actuel. Pourquoi pas... Mais finalement, ces choix se révèlent peu payants tant « The Return » n’est pas vraiment engageant ni réussi. Une œuvre qui nous apparaît désuète (mais qui devrait paradoxalement mieux vieillir que tant d’autres), hermétique, pesante et qui s’apparente davantage à une sorte de tragédie antique qui lorgne par bien des manières sur du théâtre d’auteur filmé se déroulant durant les temps anciens. On n’est pas loin dans le style et l’ambiance d’un Mac Beth qu’on aurait calqué sur l’illustre livre connu de tous écrit par Homère il y a des siècles. Ou l’inverse.
Plus le film avance, plus on se rend compte que le scénario n’a pas grand-chose à raconter et qu’il est bien mince pour s’étirer ainsi sur près de deux très longues heures. Certes, l’ensemble demeure fidèle à ce que l’on peut s’imaginer de ces tragédies antiques où les sentiments sont exacerbés et où l’attente et les complaintes font du surplace mais c’est très peu cinématographique. Soit le script aurait dû être davantage développé par d’autres enjeux, soit Pasolini aurait dû adapter une plus grande partie de l’Odyssée en alternant les aventures d’Ulysse avant son retour avec les séquences entourant Pénélope à Ithaque. Ici, cela tourne en rond, les émotions sont absentes tout comme les motivations des personnages demeurent parfois opaques et mal formulées. Même lorsque les deux grands acteurs que sont Fiennes et Binoche se donnent la réplique lors de la seconde moitié du long-métrage, après avoir fait chacun de leur côté des sacrées carrières depuis 1996 et leur première collaboration, il n’y aucune étincelle. La reconstitution de l’époque semble appliquée, bien que très chiche en budget, et le chapitre final de ce pavé littéraire est parfaitement respecté si ce n’est le côté mystique mais on s’ennuie. « The Return » est une œuvre au minimalisme austère et rebutant qui ne s’adresse pas à grand monde et ferait presque figure d’exercice de style prétentieux et vain. On se demande surtout une fois le film terminé pourquoi les deux grands comédiens ont choisi un tel projet pour tourner de nouveau ensemble.
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