Marche funèbre
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
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Adaptation du roman éponyme de Michael Punke, The Revenant est le sixième film du réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu. Après nous avoir longtemps habitué avec Amores Perros (2000), 21 grams (2006) ou encore Babel (2006) à des films chorals où les destins des protagonistes se croisent, Inarritu nous plonge ici dans une partie de la vie du trappeur Hugh Class, (interprété par Leonardo DiCaprio) et nous fait part de sa quête vengeresse au cœur d'une Amérique profondément sauvage à l'aube du 19ème siècle.
Ce récit, tiré d'une histoire vraie, est introduit par quelques plans séquences. Nous découvrons un groupe de chasseurs attaqué par des indiens. Cette scène de combat nous tient véritablement en haleine, la focale employée nous permet d’apprécier les détails de chaque plan. En effet, tourné au grand angle, cela induit une grande profondeur de champs et nous permet ainsi de voir les plans secondaires de l’image de manière nette.
Après celle-ci, nous découvrons les acteurs principaux et commençons à ressentir les conflits qui se créent peu à peu entre les survivants de l’assaut et le personnage de John Fitzergald (interprété par Tom Hardy). Les hommes établissent un campement dans la forêt pour la nuit. Glass décide d’aller chasser du gibier seul mais se fait surprendre par un ours (malgré le réalisme de l’animal, on sent à quelques moments la création numérique). Le personnage de DiCaprio se trouve alors immobilisé et ralentit son équipe...
C'est le mexicain Emmanuel Lubezki qui s’est occupé de la photographie. Celui-ci avait déjà collaboré avec Inarritu sur Birdman (2014) et ils avaient donné à ce film l’apparence d’un long plan séquence.
Les conditions de tournage de The Revenant ont relevé de l'exploit : décors naturels, tourné sans lumières artificielles, performance des acteurs dans ces lieux au départ hostiles et froids.
Malheureusement, nous sentons trop fortement la patte de Lubezki et des films de Terence Malick pour lesquels il a été chef opérateur également. Certaines scènes sont quasiment identiques dans leurs valeurs de plans et leurs décors similaires. La beauté de la nature est donc mise en exergue, celle-ci resplendit grâce à l’esthétique, les plans sont très aérés. Peut-être est-ce pour atteindre la dimension presque divine des éléments qui nous entoure comme dans Tree of Life (2009) ou encore To the Wonder (2012).
Certaines séquences (toujours teintées de cette touche Malickienne) sont présentées comme des interludes métaphoriques et oniriques. Elles viennent donner une respiration au film bien que dérangeant notre immersion dans le monde réaliste de ces trappeurs américains. Ce sont des moments suspendus composés de souvenirs, rêves et fantasmes du personnage principal accompagnés par la musique de Ryuichi Sakamoto. Ce dernier avait déjà collaboré avec, entre autres, De Palma, Bertolucci ou encore Almodovar.
Le tout est cependant assez réaliste autant au niveau du fond que de la forme. Nous vibrons au rythme des personnages et de leur instinct de survie. De plus, nous sentons la présence du 4ème mur qui finalement, donne de la consistance à certaines scènes. En effet, des gouttes de sang ou d’eau se retrouvent sur l’objectif de la caméra. Dans certains plans, nous voyons la buée créée par la respiration des acteurs. Ce qui est très esthétique car forme presque un changement de mise au point, du flou au net sur le visage. On pourrait donc qualifier ce film de « sensoriel ».
Pour ce qui est du jeu des personnages, la prestation de Tom Hardy nous accompagne encore un long moment après le film. Malheureusement, pour ce qui est de Leonardo DiCaprio, nous semblons regarder les performances de l’acteur plus que le personnage représenté.
Le film est à la hauteur de nos attentes créées par le lancement du film à sa sortie, ses rumeurs sur la performance de Dicaprio ou encore ses nominations aux oscars. De plus, on ne peut que souligner la prouesse technique. Certes, ils restent quelques questionnements dus à de petites incohérences mais que l’on peut pardonner à un film de cette envergure.
Enfin, la vraie question que tout le monde se pose est bien sûr celle-ci : est-ce que Leonardo DiCaprio va avoir (enfin) son oscar ? Au même titre qu’un de ses réalisateurs fétiches, Martin Scorcese, qui a finalement reçu l’oscar du meilleur réalisateur en 2007 pour The Departed (Les infiltrés), après un total de six nominations durant sa carrière. Réponse le 28 février 2016 !
(Mises à jour : DiCaprio a en effet reçu l’Oscar!)
Créée
le 4 janv. 2020
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