Jusqu'au bout du bout...

The Revenant est un film aux multiples qualités évidentes. Tout d'abord, on a le droit à une très bonne utilisation du plan-séquence tout au long du film afin de tenir le spectateur en haleine dans cette ambiance et atmosphère étouffantes, l'immersion est pleinement réussie.
L'esthétique générale du film est de toute beauté tant elle est soignée et admirablement bien mise en scène.
Cette critique contient quelques spoils mais rien de trop embêtant.

Il y a des scènes absolument mémorables, grandioses et d'une qualité incroyable, je pense notamment à la scène de l'ours au début du film. Tout est magnifiquement bien réalisé. Il s'agit pour moi de la meilleure scène du film et de très loin.

Si le film est une grande réussite sur de nombreux plans, c'est aussi du à l'incroyable Leonardo DiCaprio qui signe une nouvelle fois une performance somptueuse de bout en bout. Que ce soit l'expression de la détresse, de la solitude, de la haine, tout est joué à merveille. De même, les gémissements, les cris, la souffrance plus généralement est interprétée avec beaucoup de talent.
On peut dire de manière générale que les acteurs sont tous bons, mais DiCaprio survole tout (Tom Hardy est également très bon). J'ai beaucoup apprécié l'idée de nous montrer des personnages tout aussi compréhensibles les uns les autres. Bien entendu, notre parti pris va irrémédiablement du côté de l'incroyable survie du protagoniste, mais il est intéressant de ne pas tomber dans la caricature du personnage lâche, égoïste et sans scrupule. On nous montre quelqu'un qui s'apparente à ce type de personne, mais elle reste un peu plus complexe dans son raisonnement, ce qui est vraiment appréciable.

On apprécie l'idée de nous montrer un homme livré à lui-même, de constater sa petitesse face à la nature quand le protagoniste se retrouve isolé de tout groupe humain lors des longues et très longues errances solitaires. On peut penser notamment à une scène intéressante, celle où Hugh Glass (DiCaprio) attend que les loups s'attaquent au bison blessé afin de pouvoir profiter de sa nourriture. L'homme devient un simple animal qui profite des restes que veulent bien lui laisser les autres animaux, et non pas l'inverse.

Cependant, il est vrai que le film n'est pas exempt de tout reproche bien qu'il soit impeccable sur de nombreux points. En effet, on peut noter quelques petites facilités scénaristiques inhérentes à l'histoire du personnage avec un panel de petites choses surréalistes, mais cela passe encore. Toutefois, certaines scènes sont vraiment tirées par les cheveux et n'étaient pas du tout nécessaires à la bonne poursuite du scénario. Je parle entre autre de la scène où Hugh Glass subtilise le cheval au campement et parvient à s'en sortir indemne. De même, dans une scène postérieure assez proche, on a le droit à une autre séquence absolument surréaliste, et à mon sens contre-productive, je mentionne ici celle où Hugh se fait réveiller et pourchasser par la tribu amer-indienne. Bien évidemment, il évite toutes les balles, toutes les flèches mais parvient à en zigouiller deux ou trois avant de finir dans un arbre. On passe alors de la survie réaliste (bien qu'extraordinaire) au registre épique et western, j'ai trouvé ça raté.

Le film a tout de même pour objet la vengeance en nous montrant à quel point l'homme est capable de se surpasser afin de parvenir à ses fins tant il peut avoir de bonnes raisons personnelles pour le faire. Seulement, j'ai trouvé la scène finale assez rocambolesque et pas du tout comme je l'aurais imaginé, c'est dommage mais ça ne regarde que moi. Certains la trouveront sûrement bien réussie et à l'image du film, personnellement elle m'a un peu déçu.

En résumé, le film est très bon et on ne peut que le recommander. Il nous fait vivre une très belle expérience de survie avec des plans magnifiques sur fond d'une histoire de vengeance. Un film à voir.