Marche funèbre
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le 25 févr. 2016
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Appliquez ce proverbe de manière littérale à ce film.
On peut même dire que la vengeance est un plat qui se mange glacé. Nous voilà plongé avec Innaritu dans un film de survie éprouvant de réalisme, avec des caméras confuses qui retracent le chaos et la furie des éléments.
Nous sommes dans un far west glacé du nord, quelque part entre les USA et le Canada, entre les pawnees, des iroquois, des français, des américains, qui se tuent sans merci et pour un rien. Flèches et gâchettes faciles. Le monde est sauvage, d'une brutalité sans limites. L'homme n'est qu'un animal brutal, un carnassier violent qui attaque ses congénères et détruit, et pille, et viole, et tue. L'homme est comparable aux loups, aux grizzlis qui peuplent le film. Il est leur rival et c'est dans cette lutte terrible entre animaux et éléments que Hugh Glass (Di Caprio, habité) nourrie une sourde et froide vengeance.
Laissé pour mort suite à une attaque par un grizzli (scène effrayante), il assiste, impuissant, à la mort de son fils par un de ces compagnons de route sans scrupules incarné par un Tom Hardy à l'accent américain coupé au couteau, cul terreux mal dégrossi. Ce fils est issu d'une union avec une amérindienne. Ce lien puissant avec les indiens, c'est ce qui lui sauvera la vie. Le voilà laissé pour mort, à ramper dans la neige, à vivre dans l'horreur, à échapper à la mort, face aux loups, aux tribus indiennes hostiles, aux français libidineux (on sera donc cantonné à ça dans les films américains). Il finira par revenir au fort, où il pourra enfin assouvir sa vengeance.
Le film décrit un univers terrifiant où règne la confusion la plus totale. La bataille du début du film témoigne du parti pris du film. La caméra suit l'action, dans de vastes plans séquences (procédé qu'on retrouve dans Birdman), le chaos des combats, la souffrance. La mise en scène est brutale et sauvage. Et les rares moments de répit qu'elle s'offre c'est du silence et des grands plans sur des paysages somptueux mais néanmoins mortels. L'immensité de la forêt et de la glace, un horizon de désespoir.
Parfois l'humanité s'immisce, au travers de quelques moments musicaux, bien rares, noyés dans le silence, au détour d'un indien qui soigne le héros du film, de souvenirs, d'un capitaine qui a encore le sens de l'honneur, d'une femme indienne qui épargne une vie dans un élan de gratitude.
Le reste n'est que folie bestiale, à l'image de ces moments où les personnages perdent la raison et s'entretuent sans merci (voir le duel final). La vengeance est vaine. La mort est inévitable. Quelque part entre Impitoyable et The Last of Us, dans ses thématiques et son ambiance, The Revenant est un survival horrifique, où l'ennemi est la nature (donc également l'homme), avec une dimension mystique et un contexte westernien. Les acteurs sont assez incroyables, la réalisation époustouflante. L'intrigue parfois s'enlise un peu, et va dans la surenchère de l'horreur, poussant toujours plus loin le sordide. Le western et sa mythologie meurent dans la fange et le mal avec Innaritu.
La vengeance est un plat qui se mange froid, et même glacé.
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Créée
le 13 déc. 2020
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