Alejandro Iñárritu a des gros sabots. Écrire cela c'est se vautrer dans la redondance, le pléonasme, l'enfonçage de portes ouvertes. Bref, le réalisateur fait de la mise en scène, de la bonne grosse mise en scène bien voyante, qui clignote dans tous les sens ; avec, pour donner un semblant de consistance, des messages bien lourds, bien classiques et bien consensuels. Nouvel opus avec tous les potentiomètres sur 11, The Revenant possède la légèreté d'une armada de tanks. Mais comme tous les gens impliqués se donnent à fond, forcément, il y a de jolies choses. C'est du bon matos, quoi, de l'ouvrage costaud, techniquement impeccable. En grande partie, The Revenant ressemble à du Terrence Malick pour les bourrins, à du Tarkovski pour le public américain (oui, ça peut faire frémir). A force de reprendre des plans entiers aux réalisateurs du Nouveau Monde et de Stalker, Iñárritu tombe visuellement souvent juste, quitte à faire sourire ou à exaspérer par sa maladresse. Il faudra surtout remercier le directeur de la photographie, Emmanuel Lubezki (celui de Terrence Malick, donc), qui enchaîne les tours de force. C'est beau, ah ça, pour sûr, visuellement c'est incroyable. Lubezki en fait des tonnes mais parvient à éviter l'effet de surchauffe, déjà nettement plus visible chez les comédiens. Leonard Di Caprio et Tom Hardy se livrent à un concours de cabotinage qui ne permet quasiment aucune nuance. Dans le genre, c'est assez rigolo, tant leur jeu est outré bien au-delà de la caricature. Ajoutons à cela une histoire qui n'est qu'un vague prétexte à un survival "man vs wild" fort classique, malheureusement rythmé à la truelle, et cela nous donne un divertissement correct. Forcément, à citer sans cesse Malick, Tarkovski, Herzog, Kurosawa et j'en passe, on ne peut pas trop se tromper. Oserais-je conseiller de visionner en priorité les inspirations de The Revenant avant de tenter la copie ? Oui, probablement. Il faudrait aussi faire un tour par Le Territoire des Loups, plus direct et plus humain.

Ed-Wood
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le 27 févr. 2016

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