Marche funèbre
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Birdman avait fait grand bruit à sa sortie, et avait permis à Alejandro González Iñárritu d'être auréolé de l'Oscar du meilleur réalisateur. Le succès commercial avait suivi, ce qui a probablement encouragé les producteurs à laisser beaucoup de libertés au mexicain pour son film suivant. Il s'est en servi pour mener ses ambitions artistiques démesurées à bien et imposa un tournage interminable, en décors et lumière naturelle.
Je pense que tout le monde sera d'accord pour dire que The Revenant bénéficie d'une belle photographie, supervisée par Emmanuel Lubezki, qui avait déjà prouvé son talent dans des films comme Gravity ou Knight of Cups. En découle des images léchées, que je trouve encore plus épatantes remises dans le contexte du cinéma actuel, où tout est réalisable avec des effets spéciaux. Pourtant, la constante perfection des environnements "nuit" en quelque sorte à la beauté de la nature. Cette beauté s'exprime à travers la subjectivité du réalisateur, alors que dans Fitzcarraldo de Werner Herzog par exemple, la forêt est parfois montrée de manière brute, sans recherche d'éléments pouvant la sublimer. La nature apparaît alors comme belle objectivement, une manière de montrer les choses que je m'attendais à retrouver après avoir appris la démarche d'Iñárritu.
J'aurais certainement pu passer outre ce ressenti si le scénario ne m'avait pas tenu à l'écart du film. Les péripéties se veulent réalistes mais aboutissent toujours à des situations de plus en plus extrêmes. Je suis désolé, je suis incapable de suspendre ma crédulité au point de croire que le personnage peut survivre à deux attaques d'ours et une chute dans un ravin. Le film aurait pu se rattraper avec la dimension spirituelle de l'histoire, mais, à l'instar du Nouveau Monde de Terrence Malick, elle se repose sur quelque chose de l'ordre du sensoriel, ce à quoi j'ai été totalement extérieur. Cependant, je ne doute pas que cela doit parfaitement fonctionner à partir du moment où le spectateur est plongé dans l'histoire.
The Revenant est donc pour ma part une déception. Alejandro González Iñárritu fait une véritable proposition de cinéma en multipliant les mouvements de caméra virtuoses et les images magnifiques, malheureusement au service d'une esthétique trop parfaite et d'une histoire trop incroyable pour moi.
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Créée
le 6 mars 2016
Critique lue 219 fois
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