Marche funèbre
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Leonardo Dicaprio est de retour cette année et nous fait sa nouvelle épopée américaine. Cette fois, il est Hugh Glass, un trappeur qui guide une équipe d’hommes à travers le Dakota du Sud. Après avoir été attaqué par un grizzly, ses compagnons le croient condamné. Trois hommes restent alors à ses côtés afin de lui donner les derniers sacrements le temps venu. Parmi eux, son fils, mais aussi ce traitre et cupide de Fitzgerald qui, après avoir assassiné le premier sous les yeux et le corps impuissants de Glass, le laisse pour mort, à demi enterré et sans arme. Mais c’est de Dicaprio dont il s’agit, le surhomme d’Hollywood, notre Ulysse moderne. Ce n’est donc que le début de la grande aventure de Glass qui, le corps brisé mais animé par un sentiment plus grand que ce corps, part à la recherche du meurtrier pour réclamer vengeance.
Iñarritu livre un film non seulement magistral, mais également d’une beauté époustouflante. Cette terre, encore blanche comme neige, est le théâtre d’une violence sauvage et primitive. Tout est contraste et confrontation. Dans les deux plans séquences qui ouvrent le film, la beauté chorégraphique des images est contrastée par une violence d’un réalisme confondant : la caméra navigue lors de la bataille d’un personnage à l’autre avec une technique qui ne laisse personne indifférent : l’absence de coupe accentue la violence de la scène tout en la magnifiant. Après le brillant Birdman, Iñarritu montre donc qu’il en a encore sous le capot. Et comment ne pas mentionner ces plans gigantesques, qui nous écrasent sur notre siège autant qu’ils nous aspirent dans l’écran. L’image ramène à l’humanité par sa beauté quand ce personnage semble cloitré dans son animalité, dans l’absence : il est un corps, un corps qui résiste à chaque instant. Et puis il y a une révélation, ce moment d’arrêt où, au sommet d’une crête, il découvre un troupeau de bisons attaqué par des loups. Ce n’est alors plus Glass qui voit cette espèce en danger, c’est Dicaprio qui se confronte, par l’expérience du regard, à quelque chose de plus grand que lui : il en est abasourdi. Le corps cesse un court instant d’être personnage pour devenir pur corps politique. Le personnage voit trop, enregistre le monde mais ne réagit pas : il est agi d’une vision. Tout pourrait alors changer pour Glass, mais il n’en est rien. C’est juste un moment d’arrêt, une étape de plus dans le parcours du personnage.
C’est en réalité une grande expérience cinématographique à laquelle le spectateur est confronté, à travers la caméra d’Iñarritu et le corps de Glass. Le personnage devient animal et semble perdre toute humanité dans cet espace infini et plein de danger. Ce corps démembré ramène à une sorte d’essence de l’humanité. Il pose la question du corps humain dans la violence qui lui est faite. C’est une confrontation au corps à corps, non seulement à l’écran mais aussi entre l’écran et celui qui y fait face.
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Créée
le 29 mars 2016
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