Le contraste entre la nature de l'Homme et l'Homme dans la nature

Je fis mes retrouvailles avec Di Caprio au grand écran à la veille de la cérémonie des Oscars. Ces retrouvailles furent heureuses, à juste titre puisqu' il obtint un Oscar le lendemain ! Mais cette victoire ne fut qu’une surprise à demi-teinte car Di Caprio a toujours été le talent cinématographique.


Mon synopsis personnel (no spoil) :
Di Caprio joue le rôle de Glass, un officier d’un groupe armé blancs de trappeurs en quête de nouvelles peaux animales dans les profondeurs des forêts du nord de l’Amérique. Glass est père d’un garçon issu d’une union avec une peau rouge dont la tribu fut massacrée auparavant. Glass part en chasse de nouveaux gibiers en solo. Malchance ! En repérant un groupe d’oursons, il se fait surprendre par la mère des petits qui n’aura donc qu’un seul objectif : éradiquer cet humain, ce prédateur de la nature! Madame Ours va utiliser toute sa force en s’écrasant sur Glass pour briser ses os d’humain; elle investit aussi tout son poids dans ses griffes afin que la découpe de ce corps en gestation soit pourvue et efficace. Madame Ours chouchoute donc macabrement notre Glass pendant un moment qui, n’étant qu’un humain, en devient aplati, tétraplégique. Ses collègues n’arrivent qu’à la fin du carnage et le rabatte sur le camp. L’urgence de la géopolitique locale urge la troupe à regagner le Quartier Général. S’ensuit alors un périple collectif vers le QG, avec un éclopé sur les bras ! La fatigue collective amène le commandant à scinder le troupeau en deux : le premier groupe continuera le pèlerinage neigeux vers le QG, tandis que le second restera sur place au côté de Glass jusqu’à qu’il soit moins un fardeau au sens propre: donc soit jusqu’à qu’il soit mort ; ou jusqu’à qu’il soit rétabli, mais dans le sens autonome quoi. Si le pire arrivait pour Glass, l’enjeu serait de pouvoir lui offrir une sépulture avec une récompense en remerciements. Un groupe d’homme se dévoue : le fils de Glass, un jeunot de la troupe, et un trappeur aguerri et fayot, John. Au fil du temps (une journée), John perd patience en ne voyant aucune amélioration de l’état de santé de Glass. En l’absence des autres compères du groupe, John engage une pirouette rhétorique avec Glass avec comme deal que « si tu clignes des yeux, je te tue avec ton consentement». La physiologie d’humain de Glass lui a fait cligné des yeux, ce qui fut suffisant pour John de le prendre comme un ok, et donc de l’étouffer en catimini. abstention de spoil. Partant de là, et puisqu’on ne va pas s’éterniser sur le site, John utilise ses talents rhétoriques pour enfreindre la mission incombant au groupe, laissant donc le corps de Glass seul avec une sépulture à l’arrache. Mais qu’importe ? Il n’y jamais eu besoin de cette sépulture puisque le pouls de Glass ne s'est jamais arrêté de sa vie.


Le film relate donc la résurrection progressive de Glass, qui pendant sa route, passera de l’agonie au retour à la vie. Deux axes de lecture analytique du film : le pouvoir de la nature sur les hommes, et les ressources intérieures de l’Homme qui lui permettent de la défier.


Commençons par la Nature : le film retranscrit à merveille toute la force esthétique que possède la Nature dans ce coin du monde : majestueuse, sauvage, pure et revigorante ! L’eau y est allègre en ruisseau, charismatique en cascade, translucide et fraîche en gourde. Par contre la nature est aussi violente physiquement, de sorte que sa grandeur lui permet de détenir un pouvoir de vie et de mort sur les hommes. Glass devra donc puiser dans son mental et son instinct de survie pour composer avec ses aléas de la Nature, comme lorsqu’il s’agit de trouver un moyen d'éviter de mourir de froid pendant son sommeil.


Si l’on prend un contexte aussi fataliste qu’une tempête de neige pour un handicapé, mais que reste-il ? L’amour et son revers : la haine ! Glass n’a réussi qu’à se maintenir en vie qu’avec ce désir de vengeance pour l’amour de son fils, de sa femme, dont la mémoire maintiennent son âme, et son corps, en vie. Ce film est une mosaïque des émotions faisant que nous, humains, sommes en vie : l'amour, le rire, les amitiés sur la route, la volonté d’aider son prochain en danger. Ces émotions ont permis à notre ami tétraplégique de grimper les montagnes, de survivre pendant les tempêtes, de faire abstraction de la faim.


Di Caprio et son regard passionné interprète à merveille l’homme blessé, éclopé, au corps meurtri, et motivé pour retrouver ce dans quoi le sens de sa propre existence réside : sa dignité d’Homme !


Dans un contexte de western montagnard, j’en tire la leçon philosophique *de comptoir que l’être humain est doté de pouvoirs extraordinaires, comme l’instinct de survie, le courage, l’amour etc. Que ses pouvoirs lui permettent de contourner la violence de la nature, et à certaines occasions de la transformer d’ennemi en alliée. The Revenant fait tombé les masques : la rivale de l'Homme n’est pas la Nature, mais bien l’Homme et ses semblables, ainsi que lui-même.


Thank you Leo ! Your look during the Academy Awards was transcendent !

Polenta87
9
Écrit par

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le 20 mars 2016

Critique lue 351 fois

Polenta87

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