The Road to Guantanamo par drélium
C'était pas gagné à sa sortie en plein battage à n'en plus finir de cette énième bras d'honneur des USA aux Conventions de Genève et c'était pas gagné non plus pour le procédé du docu-fiction qui reconstitue les évènements en les mettant en scène, le tout accompagné de témoignages des trois ex-prisonniers innocents de Guantanamo. J'ai préféré attendre... Six ans plus tard, le message reste plus que valable. ça fonctionne, et même mieux que ça à ma grande surprise.
La partie fiction très prédominante est édulcorée mais reste d'autant plus réaliste qu'elle colle aux témoignages qui jalonnent le parcours et complètent les faits régulièrement. Les trois jeunes acteurs principaux très convaincants ne ressemblent pas aux véritables protagonistes presque volontairement, comme pour accentuer la distinction constante entre les témoignages et la représentation qui en est faite. La démarche est ailleurs que dans la réalité violente à outrance. Les plans sont serrés le plus souvent et alternent avec de vraies images documentaires des sites traversés. Le réalisme des prises de vue plonge bien dans la situation avec peu de moyens et cherche avant tout à retranscrire une atmosphère ambiante. Les évènements sont si anodins au départ (ils pourraient tellement arriver à presque n'importe qui) et ceux qui suivront la capture sont si accablants, qu'ils suffisent à croire en la véracité de chaque détail de cette descente aux enfers, assez abrutissante peut-être, mais c'est aussi le but de la manœuvre.
Le film se veut sobre sous son évidente dénonciation. Les trois adolescents sont si ordinaires et insouciants que leur histoire en devient frappante. La fin est à ce propos très belle j'ai trouvé. Les deux copains vont finalement au mariage du troisième 4 ans après la date prévue et leurs visages rayonnent. Leur amitié les a certainement sauvé et nous de ressentir d'autant plus fort la brutalité et la terreur commandée et déployée par l'Armée et l'État Américains pour endiguer la simple peur du terrorisme. Ici, la terreur est définitivement américaine et les jeunes musulmans sont les héros assoiffés de liberté, une sorte de mise en abîme du scénario Hollywoodien sur des faits réels. C'est certes un peu entendu dans l'idée mais ça reste très bien amené, réaliste, finement orienté et une belle réussite en ce qui me concerne.