Over the horizon
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Fedor Alexandrovitch
C'est par le biais de cet artiste Ukrainien, lui même touché par la catastrophe de Tchernobyl, que le réalisateur Chad Gracia, aborde l'explosion qui a touché l'Ukraine puis le monde le 26 avril 1986 et bien après. Si le bonhomme peut sembler un brin taré, démesurément passionné et peu crédible par rapport à sa théorie, il permet de capter l'attention du spectateur sur son enquête et au delà, sur l'influence de la Russie en Ukraine.
Il peut agacer par moment en étant la caricature de l'artiste moderne notamment pendant les moments où on le voit travailler ses oeuvres ou déambuler à poil enroulé dans du plastique avec une torche dans la "zone" de Tchernobyl. Cependant, ce parti pris du réalisateur permet de donner un ton étrangement tragi-comique qui fascine encore plus sur le parcours du "héros"au cours de son enquête, bien que sa réaction face aux menaces du SBU (héritier du KGB en Ukraine) au cours de la dernière partie semble un peu trop forcée et tire-larmes, avec témoignage de la famille soucieuse en prime...
La théorie du complot
Et justement cet Ukrainien en roue libre dans ce paysage Falloutien (+1 néologisme), prétend que l'accident de Tchernobyl n'en serait pas vraiment un... Musique dramatique
On peut choisir de croire ou pas en sa théorie qui n'en est qu'une parmi les multiples possibles du fait de l'inaccessibilité aux archives soviétiques, mais en tout cas elle n'est pas imposée de manière putassière au spectateur comme dans d'autres documentaires (coucou Mr Moore). Le réalisateur lui même est très sceptique par rapport à la théorie de Fedor Alexandrovitch, elle n'est au final qu'un prétexte habilement mis en scène pour dépeindre le régime de l'URSS : montée en grade des partisans au sein du Parti, goulag, exactions du KGB...
Cette enquête met en lumière d'énormes interrogations qui entourent le drame via les témoignages des responsables de la centrale et du radar DUGA, ce mystérieux radar dont le signal donne son nom au documentaire.
Petit spoiler de la théorie de l'artiste fou :
Vassili Chamchine est le concepteur d'un radar transhorizon (le DUGA), censé surveiller les agissements des Etas-Unis lors de la Guerre Froide (lancement de missile, etc..). Nommé ministre des télécommunications à la suite de la construction de ce radar dans la zone de Tchernobyl, ce dernier, réalisant que le DUGA ne fonctionnait pas aurait causé l'explosion du réacteur en faisant pression sur les responsables de la centrale durant un essai. Le but était d'éviter l'inspection qui devait vérifier la viabilité du DUGA quelques mois plus tard et d'éviter ainsi les représailles du Parti ( le goulag pardi !)
Ukraine vs Russie
C'est sur des images de manifestation Ukrainiennes à Kiev contre le gouvernement pro-russe que s'articule l'enquête de Fedor Alexandrovitch, et notamment sur celles-ci que débute et finit le film. Bien sûr c'est là le véritable propos du film, montrer que le spectre de l'URSS et sa politique musclée plânent encore sur l'Ukraine. La caméra embarquée dans la violence des affrontements entre la police et les manifestants révèlent des images bluffantes, presque irréelles du conflit ( l'écran géant blanc avec les flammes, 1984 en vrai, bordel de nomdidiou). Certes, le parti pris pro-Ukrainien donne une image malfaisante de cette Russie post-URSS menée par Vladimir Poutine et est donc peu objective pour se faire une réelle opinion sur cette crise, mais le documentaire donne vraiment envie de s'y plonger dedans pour en savoir plus.
Il était tard mais j'étais retourné. Que c'est-il passé à Tchernobyl ? Il faudra attendre longtemps avant d'avoir le fin mot de l'histoire. Le Pic-Vert Russe est un excellent documentaire traité de manière originale avec une théorie plus ou moins plausible, mené par un personnage haut en couleur parfois agaçant (parce que quand même "la 3e guerre mondiale est proche" c'est cliché), mais a le mérite d'intéresser sur son propos.
(Fun fact : peu après le tournage du documentaire, le signal du pic-vert a été entendu à nouveau sur les ondes en Europe...)
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Créée
le 1 mai 2016
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