Mad Mads.
Un western danois, tourné en Afrique du Sud, avec Mads Mikkelsen en anti-héros torturé, en voilà une idée qu'elle est bonne. Bon, d'accord, toute idée de long-métrage ayant pour héros Mads Mikkelsen...
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le 12 nov. 2015
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Après la défaite du Danemark en 1864, Jon et son frère traversent l'Atlantique dans l'espoir d'une vie meilleure. Sept ans durant, ils luttent pour s'établir sur ces terres étrangères. Sept années que Jon a passées loin de sa femme Marie et de leur fils. Nous sommes en 1871. En Amérique.
The Salvation est un western danois qui manifeste une dureté implacable, une violence que rien ne peut faire fléchir et qui plonge dès les premières minutes le spectateur dans un spectre de colère absolue. Le réalisateur danois Kristian Levring frappe fort en plongeant son personnage principal dans un véritable tourment bouillonnant, un acharnement moral et physique qui plonge Jon (Mads Mikkelsen) de même que le spectateur dans un état mental extrême de frénésie et de profonde injustice. Une rage qui ne pourra être éteinte que dans le sang et la brutalité dans un état de fureur via des actes excessifs qui seront la résultante d'un besoin irrépressible d'étancher cet état de douleur intense. Une tension dramatique brutale et féroce solidement diluée qui offre une sensation difficilement descriptible tel un cauchemar punitif dont on devient dépendant. Le sang doit être coulé ! Les coupables doivent être châtiés ! Nul place au pardon, place à la vengeance !
Avec The Salvation Kristian Levring propose un western rondement mené où chaque minute, chaque seconde est employée avec intelligence sans la moindre scène gaspillée. Les mots utilisés sont soigneusement calculés, au plus souvent paraphraser par le langage des corps, où un simple regard veut dire beaucoup de choses. Par le biais d'un rythme effréné le cinéaste concrétise une vision occidentale contemporaine où l'ère du far-west innocent et aventurier avec les grandes chevauchées et les grands héros souriants n'est plus. L'espoir n'est plus permis, le mythe s'écroule telle une peinture qui s’écaille avec le temps. Une concrétisation désespérante et décadente intelligemment nourrie par une vision anarchique et abstraite qui dénonce avec une certaine forme de nuance l'insignifiance existentielle d'une société qui se sera construite dans la violence et le chaos sur une pile de cadavres délaissée par Dieu lui-même qui semble plus que jamais absent.
Un film qui se distingue également par sa forme rustique à la couleur de blé qui s'étend sur de vastes magnifiques paysages sur des kilomètres de vides où ne paraît de vivant que la fulgurance du vent. Une splendeur qui semble éteinte de vie, en écho avec l'homme qui si dans sa forme semble superbe cache en son fond quelque chose de froid et d'aride. Une direction artistique savamment composée par l'appui d'une photographie nuancée. Une mise en scène percutante au service d'une atmosphère palpable où la sentence de l'action sonne comme une délivrance à tous nos maux. Une action intelligemment employée où l'impressionnant cède sa place au réalisme dans une forme qui n'oublie pas pour autant d'être distrayante. À chaque cadavre qui tombe on jubile de délivrance après tant de fulgurances accumulées. La composition musicale du danois Kasper Winding est d'une simplicité redoutable. Une musique qui sonne comme une complainte dont il serait impossible de s'absoudre dans un univers froid et implacable. La marche sinueuse et silencieuse d'un homme et d'une femme qui n'ont plus de place pour les mots mais pour la sentence. Une composition brillante ! Chapeau également aux différents costumes qui correspondent magnifiquement à chaques personnages.
Mads Mikkelsen est magistral dans le rôle de Jon qui va connaître un véritable enfer en assistant impuissant à la mort violente et abjecte des gens qu'il aime. Un homme sur qui s'abat le destin et qui arbore une rage intérieure bouillonnante. Il dégage juste assez d'émotion sans jamais trop en faire. Ses motivations sont claires ce qui fait qu'on s'identifie sans peine à lui. Un pauvre monsieur tout le monde rattrapé par la rudesse du diable auquel il répondra en lui faisant face une Winchester et un couteau à la main. Je ne suis qu'un homme devant l'adversité qui refuse de s'incliner devant les imperfections humaines. Mickael Persbrandt en tant que Peter, frère de Jon, offre une excellente complémentarité au personnage de Mikkelsen. Un frère fidèle qui offrira une belle séquence fraternelle lorsque celui-ci vient réconforter Jon de ses lourdes pertes en le prenant silencieusement dans ses bras.
Eva Green est monumentale ! Une comédienne formidable qui même muette et défigurée par des entailles sur le visage dégage une beauté sidérante. En tant que Madelaine, l'actrice affirme son talent irréprochable d'incarnation sous les traits d'une femme étonnante et coriace qui de ses yeux hypnotisants transmet une pléthore d'émotions. Un personnage persécuté qui porte sur son corps les sévices du monde violent qui l'entoure. Jeffrey Dean Morgan est décidément génial lorsqu'il incarne des antagonistes pourris jusqu'à la moelle, chose qu'il porte parfaitement en tant que Delarue. Un mercenaire impitoyable fou amoureux de sa belle-sœur, pour qui la perte de son frère s'impose comme une dette à payer dans le sang et l'acharnement, mais aussi comme une délivrance en laissant Madelaine veuve et par conséquent libre. À noter les bonnes présences d'Éric Cantona, Douglas Henshall et Jonathan Pryce.
## CONCLUSION : ##
The Salvation de Kristian Levring est un western danois implacable d'une dureté éprouvante pour le spectateur persécuté qui réclame du sang en compensation de tant de duretés. Bravo, à l'ensemble de la distribution qui offre un travail d'ensemble remarquable avec un Mads Mikkelsen et une Eva Green incroyable.
Sortir en 2014 un western de ce calibre est inespéré, c'est pourquoi je ne boude pas mon plaisir devant.
Je priais pour trouver dans notre malheur, le sauveur dont nous avions besoin, et vous étiez cet homme. Grâce à vous, il ne reste que des bonnes âmes.
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Créée
le 16 nov. 2021
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