A l'occasion de ce qui se passe au Texas, une petite critique de ce téléfilm de Joe Dante qui ne pourra qu'avoir un air de déjà vu de nos jours.
En effet, s'il est loin d'être un chef d’œuvre, tout juste une comédie politique un brin amère à moitié réussie, on ne pourra que reconnaitre à ce téléfilm son coté en un mot prophétique.
Quand il est sorti, en 1997, avant même l'ère du Tea Party, sans même parler de Trump et compagnie, à une époque où le parti républicains américain était encore dominé par des hommes politiques relativement normaux, loin des dingueries populistes actuelles, son scénario aurait pu apparaitre complètement fantaisiste : un gouverneur (personnage par ailleurs très trumpien, surtout obsédé par lui même et sa maîtresse) se rebellant contre le gouvernement fédéral par refus d'accueillir une vague d'immigrés, allant jusqu'à mobiliser sa garde nationale, et faire appel à celle d'autres états face au pouvoir central.
Encore plus fort, la manière dont à travers les réactions du monde politique de Washington ou de journalistes des élites côtières à cette rébellion de ploucs il illustre le schisme qui divise l'Amérique évoquera irrésistiblement les milliers d'articles qui ont pu être écrits sur le sujet depuis 2016.
Et la manière dont le film illustre l'importance grandissante des Identity Politics, la recherche d'accords avec toutes sortes de communautés dont il convient de respecter les sensibilités devenu depuis l'alpha et oméga de la politique américaine, n'est pas sans évoquer avec autant d'avance l'ère des wokeries.
On se retrouve avec une des plus pertinentes caricatures de la période actuelle, mais réalisée il y a près de 30 ans.
Ceci étant dit le triste est que cette pertinence dans les ingrédients de la crise reste la principale qualité de l'ensemble, une fois l'histoire mise en place Dante ne semble pas trop savoir où il veut aller. Les tentatives de comique tombent souvent à plat, et la manière dont se résout l'histoire n'en fait pas pour autant un récit d'anticipation crédible. Enfin il en fait sans doute un peu trop sur le thème des politiques qui ne pensent qu'à leur popularité, ignorent le pays réel et méprisent leurs électeurs (notamment du coté du président et des médias, à qui Dante n'offre pas un bien meilleur rôle qu'au gouverneur rebelle) qu'il donne lui même dans un certain populisme tous pourris renvoyant aspirants au fascisme et démocrates dos à dos.
En restera surtout le diagnostic amer de fractures de la société américaine qui n'allaient que s'accentuer.